Un regard sentant la solitude.. Un regard qui parlait plus qu’il ne l’aurait du. Un regard.. que des paupières venaient de recouvrir. La fumée d’une cigarette s’élevait vers le ciel, en velutes paresseuses sous le chaud soleil qui embrasait l’île de ses rayons brûlants. Rien n’égalait un temps pareil, pour parfaire son bronzage.
Rien n’égalait le soleil pour contrer les idées noires, pour vous rendre votre optimisme. Il était temps de songer à l’avenir, à nouveau. D’arrêter de ne porter que des tenues de mauvais goût et de traîner dans des bars mal fréquentés, allant de bras en bras, de lits en lits, de verges en… bref, vous avez saisi le tableau. Sa réserve d’argent s’amenuisait comme peau de chagrin.
Et rien ne pourrait être plus déplaisant que d’être coincée sur cette île sans argent. Restait à trouver une nouvelle poule aux œufs d’ors. L’île était pleine de richards mais les déloger pourrait se révéler plus difficile que prévu.. Il y avait, souvent, dans les bras, des duscussions sur les clans, les mafias de l’île. Toute personne riche ici devait être mêlée, de près ou de loin, à l’une de ces organisation. Les associés de ses conquêtes lui importaient peu, ne vous y trompez pas, ils pouvaient gagner de l’argent comme ils le voulaient, tant qu’ils en avaient assez pour elle. Non, le côté légèrement inquiétant de cette histoire était l’idée du danger… Inquiétant… Grisant, surtout. Peut-être trop. Elle voulait une vie amusante, juste assez dangereuse pour lui procurer des sensations… Mais ce genre de vie, elle en deviendrait vite, trop vite, dépendante, elle se connaissait.. elle avait assez trainé avec les mauvais garçons dans son adolescence pour savoir qu’elle adorait ça. Elle adorait la possibilité que le moindre de ses gestes se retourne contre elle, elle adorait savoir que son compagnon pouvait la détruire, s’il le souhaitait. Jouer avec le feu. Encore, toujours…A jamais. S’y consumer.
Ou passer, comme ces dernières années, son temps à s’ennuyer. Et cutliver l’art de l’ennui, avec raffinement… Faire de cet état un trésor et non cet affalement du commun des mortels. Entretenir son cynisme, le polir, le faire briller, l’accorder à celui d monde environnant. Elle était très douée pour cela, c’était ce qui chez elle avait attiré ses derniers « mécènes » : son raffinement affiché et son cynisme sous-jacent, son attitude moqueuse, détachée… La façon même dont elles les traitait, comme s’ils n’avaient aucune importance. Tous ces richards étaient trop habitués à être le centre du monde pour ne pas être intrigués puis captivés…
Devait-elle poursuivre dans cette voie ? C’était sans doute le chemin le plus sur d’obtenir ce qu’elle voulait. Toujours dominer la situation…Toujours savoir, qu’à n’importe quel moment, elle pouvait tout arrêter, qu’il ne tenait qu’à elle de poursuivre l’aventure ou d’y mettre fin… Elle avait eu assez de l’incertitude constante, assez de la passion et de ces hivers soudains durant son adolescence, non ? N’était-elle pas guérie de ses envies d’auto-destruction ? Si, bien sur.
Tirant une bouffée de sa cigarette, elle se retourna. Au dos, à présent, de bronzer. Couchée sur le ventre, elle tira d’une main paresseuse sur les ficelles qui retenaient son haut. Inutile d’avoir des marques qui gâcheraient ses tenues dos nu…
Elle trouverait un nouveau pigeon… Inutile de s’inquiéter à ce propos. Et ce pigeon serait ou non honnête, elle le saurait au non, peu lui importait. Comme toujours, elle aurait la situation bien en main. Sa vie lui appartenait, elle en faisait ce qui lui plaisait… Elle ne la détruirait pas en laissant un homme la dominer, jamais. Avec un sourire, elle rassembla ses cheveux et les déposa sur la natte de paille qui l’accueillait. La plage était bondée en ce samedi après-midi et le brouhaha environnant la berçait, l’invitant à oublier ses pensées, s’endormir…