Trouves la !
Mais…
Trouves la je te dis !!!!
Lucrezia hurla les derniers mots, faisait voler à travers la pièce un élément de la décoration de son bureau. Celui-ci se fracassa à peine à dix centimètres de la tête de Juan.
Tête de bourrique, âne bâté, je la veux ! Et vivante !
Elle se saisit d’un autre objet et leva le bras. L’homme de main battit en retraite, murmurant qu’il y allait et ferma vite la porte derrière lui.
Rien n’allait au goût de Lucrezia. Abaissant le bras, elle vit qu’elle tenait dans sa main un cadre. La photo datait d’il y avait bien 7 ans. Elle était au centre, encadrée par Dacci et Paolo. Derrière on voyait Snivi sourire et même Bella était là. Et puis dans le coin droit, Dora aussi, un regard radieux, une main sur le ventre.
Elle aimerait tant le retour à cette époque. Mais Bella n’était pas là, Dora lui en voulait, elle en voulait à Dora et Dacci… Cela allait être dur.
Dacci… Fieffé bourricot qui désobéissait. Les trois hommes étaient partis ensemble en mission.
Bande d’idiots !
Furieuse, elle balança une statuette qui traînait là. Elle leur donnait un ordre simple et ils parvenaient à le détourner !
On frappa à la porte.
ENTREZ !!!
Un homme entra. Sa physionomie était italienne, comme ses vêtements, à la coupe si soignée . Lucrezia lui lança un regard glacial, se calmant toutefois.
Et bien ? Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ?
Leur avion a atterrit.
Quand ??
L’homme recula de suite.
Il y a trois heures. Et ils n’ont été ni chez votre cousine, ni ici, comme vous leur disiez dans votre message.
Elle resta sans voix.
Bon et bien… Je retourne à mon poste.
C’est cela oui. Vas.
Elle fut subitement épuisée, abattue. Ils lui tournaient le dos ? elle resta immobile une dizaine de minute.
Une rage à nouveau l’emplissait progressivement. Elle prit la bouteille de rhum qui traînait à côté d’elle et la lança sur le mur en face d’elle. Au même instant la porte s’ouvrit.
Les éclats de verre et du liquide ambré s’éparpillèrent dans la pièce et sur l’homme qui entrait.
Qu…
DACCI !!!!
Mais Bon Dieu Lu, qu’est ce que tu fous ?
Elle se précipita sur lui.
Tu saignes ?
Non ça va et j’ai connu pire de toute façon.
Elle lui sauta au cou, l’enlaçant. Elle le serrait comme si le monde allait cesser de tourner, comme s’il n’y aurait plus jamais de lendemain. Doucement elle se mit à pleurer, incapable d’aligner deux mots cohérents.
Dacci mit la main dans ses cheveux. Ils commençaient déjà à repousser un peu depuis l’opération. Bien que très courts, Dacci en sentait déjà la douceur, l’odeur si particulière du shampooing qu’elle aime tant.
Leurs cœurs se serrèrent, se souvenant des moments si doux de leur amour.
Ils tombèrent à genoux. La porte s’était refermée comme par magie.
Ils se fixèrent pendant un moment qui leur sembla durer une seconde ou une éternité, ne parvenant pas à croire qu’ils étaient à nouveau réunis, après l’absence, après l’abandon, après la trahison, après les larmes, après le désespoir. Enfin réunis.
Lucrezia s’approcha, inclinant légèrement la tête, effleurant les lèvres de son mari, de son amant, de son amour, de son confident.
Je t’aime.
Qui l’avait dit ? aucun des deux n’en était sur. Au même instant la porte s’ouvrit, laissant apparaître la tête de Snivi.
Il leur lança un clin d’œil complice et murmura :
Dites les jeunes mariés, faut la verrouiller la porte hein !
Il repartit aussi rapidement qu’il était venu. Il avait brisé la magie en partie.
Viens.
Encore une fois, aucun des deux ne savait qui avait parlé. Ils se relevèrent, s’embrassèrent et sortirent, une distance « respectable » entre eux.
Bienvenue frangin, salut Snivi.
Elle embrassa les deux hommes.
Alors ? Vos voyages… respectifs ? Quelle étrange coïncidence que vous rentriez en même temps tous les trois.
Eh bien…
Madame.
Un homme entra en courant dans la planque. L’obscurité relative, par rapport au soleil radieux de l’extérieur lui fit plisser les yeux.
Il chercha Lucrezia du regard.
Madame. On… On a retrouvé votre mère. Elle… Elle est dans un avion. Pour le Mexique.
Elle va foutre quoi au Mexique.
J’en sais rien. Retrouvez la moi elle aussi. DE SUITE !
De nouveau l’énervement la gagnait. Elle se mit à hurler :
SI VOUS NE LA RETROUVEZ PAS ? JE VOUS FAIS SUBIR LE SUPPLICE DES DI PAZZI… POUR TOUS LES ITALIENS IGNORANTS, QU’ILS S’ADRESSENT AUX FLORENTINS !!!
Ces derniers firent une grimace à l’évocation des Di Pazzi. Aucun ne voulait finir pendu, éventré au balcon de leur demeure. Personne ne pipa mot, tous ceux chargés des traques sortirent.
On va la retrouver… Et je vais la tuer !
S’exclama Lucrezia, avec un ton assez théâtral.
Tu en penses quoi Paolo ?
Que tu as besoin d'une pastille pour la gorge avec ce que tu viens d'hurler.