une chambre d'hôpital

57.

Précédement: à la salle d'examens.

Ambiance!

Salsa suivit les infirmières le long de ce sinistre couloir. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, résonnant jusque dans ses tempes. Cette ambiance était pesante, ce demi silence oppressant, Salsa voyait le personnel de l’hôpital s’activer tout autour d’elle et pourtant elle n’entendait qu‘un brouhaha diffus.

Elle croisait parfois le regard vide des patients qui erraient tel des âmes en peine.. L’un d’eux poussait un de ces chariots à transfusion. Salsa voyait nettement le sachet se balancer, mais les sons rendus flous donnait une dimension inquiétante à la scène. Chaque détail ressortait avec une acuité étrange.

L’infirmière lui fit signe de la suivre à l’intérieur d’une pièce, une chambre, toujours aussi sinistre…du blanc partout, pourtant elle qui adorait cette couleur, en ces lieux, elle lui faisait l’effet d’augmenter la pression de cet étau de glace qui lui ceignait le cœur. Elle chercha son souffle et se tourna vers l’armoire que lui montrait l’une des deux filles, puis la blouse d’hôpital sur le lit.

Salsa ferma les yeux un instant comme pour échapper à ce cauchemar…

Quelques minutes plus tard, elle était changée et bordée dans le lit par les infirmières. Elle les voyait lui parler mais ne fit aucun effort pour leur dire que cela ne servait à rien..
Les infirmières sortirent enfin, la laissant seule un moment. C’est alors qu’elle laissa libre court à sa détresse, un instant, un bref instant.. Les larmes coulèrent sur ses joues qu’elle essuya rageusement.
La pression était trop forte, elle était seule, obligée de rester dans cet endroit qu’elle détestait tant.

La porte s’ouvrit soudain la faisant sursauter. Salsa essuya à nouveau son visage et leva ses yeux humides de larme vers le médecin ORL qui l’avait examinée plus tôt. Il lui adressa un sourire chaleureux et vint s’assoire sur le bord de son lit. Il tenait dans ses mains le fameux calepin et le lui montra.. Il y avait noté les détails de l’opération.

Salsa parcouru d’un rapide regard, les quelques notes et même le croquis qu’il avait dessiné pour elle, puis releva un regard qui reflétait l’angoisse qu’elle ressentait..

- Ne vous inquiétez pas mademoiselle, c’est une opération très simple que je réalise assez souvent, de plus elle n’exige aucune ouverture, il me suffira de passer par le conduit auditif, un véritable jeu d’enfant, et si tout va bien vous récupèrerez le cent pour cent de votre ouïe.
- hum oui enfin tout est noté là…
- Tout va bien se passer!..
- Je vous envoie l’infirmière qui va vous faire une première injection pour vous détendre..
- hum..bon, on se voit dans quelques minutes..

Le médecin pourtant habitué, ne pouvait s’empêcher de parler à sa patiente, n’était-ce que pour la rassurer. Il quitta la chambre et bientôt une infirmière entra avec un plateau sur lequel trônait une seringue. Un gémissement s’échappa de la bouche de Salsa.. Elle ferma à nouveau les yeux, le temps que l’infirmière lui fit l’injection, mâchoires crispées à lui faire mal aux dents. L’infirmière lui fit signe de maintenir le bout de gaze sur l’endroit qu’elle venait de piquer, et s’éclipsa, non sans un dernier sourire pour la patiente.

Elle laissa sa tête retomber dans l’oreiller quand la porte s’ouvrit à nouveau, ce n’était pas le médecin qui revenait ou encore une de ces fichues infirmières, mais c’était Danny.. Son visage s’éclaira d’un sourire, et elle se laissa étreindre par son meilleur ami qui s’écarta d’elle pour la dévisager. Il lui parla mais Salsa le coupa rapidement.

- Te fatigue pas Danny.. Suis sourde comme un pot!

Elle lui adressa un bien pauvre sourire et voulu lui expliquer, mais il secoua la tête.. Bien sûr Karl lui avait déjà tout raconter. Elle lui demanda alors..

- Et.. Euh Johnny est au courant?
- tu lui as téléphoné ?..

Danny hocha vigoureusement la tête en lui prenant la main. Il savait lui.. Il savait combien ces moments étaient difficiles pour Salsa. Oui l’opération n’était pas risquée, là n’était pas le problème, cette situation lui rappelait bien trop de mauvais souvenirs et la même angoisse lui rongeait le cœur en ce moment. Le coin de sa bouche frémit et se rendant compte de sa détresse, Danny tapota sa main.. Il ne savait pas trop quoi faire autrement.

Alors une lassitude immense l’envahit, Salsa reposa sa tête sur l’oreiller et demanda encore avant de s’endormir peu à peu.

- Tu restes jusqu’à ce qu’ils viennent me chercher?…
- merci…merci pour tout…

Elle ferma ses paupières qui se faisaient de plus en plus lourdes et s’endormit enfin.
Danny tint sa promesse et resta jusqu‘à ce que des infirmiers en blouses vertes vinrent chercher sa petite protégée. Il resta là dans le couloir, passant une main nerveuse sur son crâne dégarni, fixant le cortège qui s‘éloignait dans le couloir, poussant le lit sur lequel reposait Salsa.

Sacrés embouteillages, il fallait toujours que ça tombe quand on s'y attendait le moins et surtout quand on avait des choses importantes à faire. Il n'y avait rien de pire pour mettre Johnny encore plus sur les nerfs qu'il ne l'était déjà, s'excitant sur le klaxon pour faire avançer les choses. Mais ça ne marchait pas comme ça et la voie rapide était bloquée à cause d'un accident qui s'était produit à deux kilométres de là, deux voitures qui s'étaient rentrées dedans, heureusement il n'y avait que des dégats matériels, mais il fallait ensuite dégager la voie pour les véhicules et c'était le plus long et le plus chiant. Johnny avait calculé dans son esprit un autre itinéraire mais il mettrait encore plus de temps que s'il attendait là. Quelle galére...

Il fallut attendre quarante cinq-minutes avant que la circulation ne reprenne enfin, mais au pas. Bon dieu de centre-ville c'était toujours la même chose, à la sortie des bureaux il était impossible de circuler correctement et malheureusement Johnny ne connaissait pas les petites rues, les raccourcis les plus rapides, mais il finirait par apprendre, par hasard ou en demandant conseils. Finalement la Ford Mustang s'était garée sur le parking public de l'hopital, deux heures après qu'il ait quitté sa villa, il n'avait jamais connu ça, un vrai enfer cette île. La berline de ses gardes du corps ne l'avait pas perdu en route et ils descendirent de voiture juste après lui, se garant un peu plus loin, décidés à accompagner leur patron jusqu'au bout de son parcours.

Johnny sortit alors une paire de lunettes noires et rondes qu'il mit sur son nez, habitué à la foule et cherchant à éviter de se faire trop remarqué, heureusement il était habillé décontracté, même avec du laisser-aller mais il n'en avait rien à faire, il n'était pas là pour poser pour un catalogue de mode et ça le fondrait mieux dans la masse. ( ! ) Il passa alors les portes de l'hopital, ses gardes du corps en retrait derrière lui pour éviter qu'ils ne soient répérés et il s'arrêta à l'accueil.

"- Bonjour, j'aimerai avoir le numéro de la chambre de Salsa Inferno."
(la secrétaire le dévisagea) "- Je ne peux pas vous divulguer cette information Monsieur, désolée."
(Johnny plissa les yeux puis fit descendre légérement ses lunettes sur son nez) "- Je comprends parfaitement, mais je suis attendu."
(la bouche ouverte, comme un poisson hors de l'eau) "- J...Johnny Cash c'est... vous?"
(il n'eut pas le temps de répondre qu'une voix l'interpella derrière) "- Johnny! Te voilà! Suis-moi!" (c'était Danny, l'agent de Salsa)

Remontant sa paire de lunettes de soleil sur son nez, il le suivit plus loin dans le couloir, laissant la secrétaire encore sous le choc derrière son comptoir, tandis que ses agents l'observaient du coin de l'oeil, l'air amusé par la situation, mais l'espace d'un instant, avant de se reporter sur leur principale occupation, la surveillance du patron, reconnaissant sans mal Danny de Vito, un agent mondialement connu qui travaillait pour Salsa Inferno. Les deux hommes se retrouvérent alors en tête à tête, Danny observant Johnny, l'air grave.

"- Danny!" (lui serrant la main) "- Comment va-t-elle? Qu'est-ce qui s'est passé?"
"- Il y a eu un accident sur le tournage cet après-midi, une charge trop importante d'explosifs lui a pété à la figure."
"- Merde, comment est-ce arrivée? Est-ce qu'elle est sévérement touché? Est-ce que je peux faire quelque chose?"
(posant sa main sur son épaule) "- Calmes-toi. Elle va bien, seuls ses tympans ont été touché, là elle est en salle d'opération depuis plus de deux heures pour arranger ça."
"- Ok. Combien de temps va-t-elle resté là-dedans?" (jetant un regard vers le bloc opératoire)
"- Une heure, plus ou moins. Elle voulait te voir avant Johnny..."
(fulminant de colére) "- J'voulais arriver plus tot mais j'ai été coinçé dans les embouteillages."
(petit sourire rassurant) "- Pas grave, l'important c'est que tu sois là. Allez viens, j'te paies un jus en attendant."

Johnny acquiesça simplement de la tête puis suivit Danny un peu plus loin jusqu'aux machines à boissons et à friandises. Les deux hommes discutérent alors de tout et de rien, bien que l'agent de Salsa évita de parler du tournage de la suite de Lady Sparrow et que Johnny resta muet en ce qui conçernait l'agression dont Salsa avait été victime quelques années auparavant, il voulait discuter de ça avec elle, mais maintenant ce n'était plus une affaire urgente, ce qui le tracassait c'était de la voir et d'être rassuré en voyant lui-même qu'elle allait bien. Ils finirent tout deux par s'asseoir sur un siége, le silence reprenant lentement sa place, alors que l'inquiétude était visible sur le visage des deux hommes, bien que Johnny cachait le plus gros de ses ressentiments derrière ses lunettes noires.

Le chirurgien finit par faire son apparition, quarante-cinq minutes plus tard, Danny se leva pour venir à sa rencontre et Johnny en fit de même, légérement en retrait.

"- Alors Docteur? Comment va-t-elle?"
"- L'opération s'est bien déroulée. Nous l'avons réinstallé dans sa chambre."
"- Merveilleux! Elle a le droit de recevoir des visites?"
"- Mmh oui. Mais elle a besoin de repos. Pas plus d'une personne à la fois."
(Danny tourna alors son visage vers Johnny) "- Vas-y, elle sera contente de t'voir."

Johnny sembla surprit un instant, puis il inclina la tête, s'avançant pour suivre le chirugien, tapotant sur l'épaule de Danny au passage pour le remerçier. Ils rejoignirent alors la chambre dans laquelle Salsa avait été installée, une infirmière en sortie, adressant un sourire aux deux hommes, puis le chirurgien lui faussa compagnie, il avait encore du boulot. Immobile, derrière la porte, observant distraitement par le petit hublot le corps de Salsa allongé dans ce grand lit d'hopital. Il remonta alors ses lunettes de soleil dans ses cheveux bruns puis baissa la poignée et entra dans le calme, s'approchant du lit. Elle semblait endormie, son visage tournée vers la fenêtre, mais sentant une prèsence, un regard posé sur elle, elle tourna la tête de l'autre coté et posa son regard sur Johnny, ses yeux s'embuant de larmes. Il tendit alors son bras vers elle et glissa sa paume dans la sienne, la serrant doucement se voulant réconfortant, il s'était tellement inquiété qu'il ne put s'empêcher de sourire faiblement en la voyant ainsi, saine et sauve.

58.

Ambiance!

des images flottent dans son esprit, doux souvenirs, agréables moments de sa vie que son subconscient lui offre comme pour effacer toute la tension de ces dernières heures, avant l’opération. Salsa rêve, enveloppée d’un carcan bienfaisant qui lui donne ce sentiment de sécurité.

Mais une lueur de conscience éclaire soudain un coin de son esprit qui efface alors peu à peu, les traces de ce rêve si agréable. Revient alors par vague, la dure réalité de l’instant présent et c’est à contre cœur que Salsa ouvrit à nouveau les yeux.

Elle reconnut instantanément les murs blancs de la chambre, les grandes fenêtres dont la vue sur l’extérieur était occultée par un épais store…La première pensée qui lui vint fut d’ouvrir ce store afin de voir au dehors, voir la vie à l’extérieur..

Quel moment de la journée était-ce? Salsa avait perdu le fil du temps.. Elle se força à se rappeler, se débattant avec le brouillard dans lequel elle baignait encore.…l’accident, le film… les urgences, l’opération?…l’avait-on opérée?…Son corps amorça un premier mouvement. Salsa se tourna et le vit…Johnny, il était venu.

L’émotion lui embua les yeux et sa main retrouva tout naturellement la sienne si chaude si douce. Ce simple contact eut un impact d’une puissance inouïe. Quelque chose tout au fond de Salsa se réveilla, reprenant vie, s’épanouissant à nouveau grâce à cet infime lien qu’ils venaient de ressouder.

Le temps s’était arrêté, il n’y avait plus que lui et elle, seuls au monde, et le sourire qu’il lui adressa à cet instant, ensoleilla son cœur. Elle lui rendit son sourire sans réaliser qu’une larme s’était échappée. D’une voix faible, timide, elle constata simplement::

- tu es venu…

Et après tout, il n’y avait plus que cela qui comptait.. Elle le regarda s’installer sur le bord du lit. Salsa aurait pu lui demander un million de chose, à commencer par avoir des nouvelles de son opération, mais elle se refusa à briser le charme…

Le coeur de Johnny s'était emballé quand il avait sentit la main de Salsa se presser contre la sienne. Il s'était installé calmement et avec prudence à ses cotés sur le lit d'hopital, le préférant à une chaise, il ne voulait pas qu'une trop longue distance les sépare comme s'il avait encore peur de la perdre, qu'elle s'envole, ou pire qu'elle le rejette, mais elle avait prit la parole pour le rassurer ou plutot mettre en évidence un fait. Il était venu, aussi vite que possible pour être à son chevet, là quand pour la première fois, de nouveau, elle réouvrirait les yeux après son opération. Il laissa sa deuxième main venir se caler doucement contre sa paume, l'enfermant dans ses doigts, avant de la porter sagement à ses lèvres pour y poser un simple baiser, mais d'une tendresse infinie, qui ne ressemblait pas au Johnny Cash qu'elle avait connu avant.

"- Je me suis inquiété pour toi..."

Elle resta muette, observant ses lèvres qui bougeaient, certainement trop dans les vappes pour se rendre réellement compte qu'elle ne l'entendait pas. Avait-il même prononçé une parole? Ou bien n'était-ce qu'un mouvement de babilles qui l'avait duppé? Johnny ne pouvait perdre son sourire, rassureur, rassuré, alors qu'il avait relevé une main à son visage, venant effleurer du bout de l'index le tracé de son visage, la ligne de son menton, s'arrêtant juste sous ses lèvres qu'il eut envie d'embrasser, pour sceller l'instant, si magique, couper du temps et de la réalité. Mais il n'en fit rien, peut-être pour ne pas la laisser penser qu'il était venu pour profiter de la situation.. Il lisait l'inquiétude inscrit sur ses traits et dans son regard, et il voulut la rassurer oralement.

"- L'opération s'est bien déroulée..."

Là, Salsa cligna des paupières, non, impossible qu'elle se soit trompée cette fois, elle n'entendait rien du tout. Elle tenta alors vivement de se relever, paniquée.

"- Johnny! Je ne t'entends pas!"

Et c'est à ce moment-là qu'une infirmière un peu bourrue, ayant dépassé la soixantaine, entra dans la chambre, ne laissant pas le temps à Johnny de lui répondre, ni même de s'inquiéter .

"- Qu'est-ce qu'il se passe ici? On ne vous a pas dit que les visites étaient interdites après 21h?"

Johnny jeta un oeil à sa rolex... 21h15 déjà... Il n'avait pas vu le temps passer, mais il était hors de question qu'il laisse Salsa maintenant alors qu'il venait juste de la retrouver.

"- J'ai la permission du médecin de garde."
"- Je vois, les stars, on vous permet vraiment tout et n'importe quoi. De mon temps les choses n'étaient pas comme ça."

Ca c'était le type même d'infirmière qui aimait son travail et qui semblait attacher plus d'importance au réglement qu'à la politesse ou même la gentilesse. Elle fit le tour du lit pour se rapprocher de Salsa et la rallongea sur le lit d'une poigne ferme, alors qu'elle la fixa dans les yeux, avec froideur, articulant ses mots pour se faire comprendre, comme si elle était retardée mentale.

"- Ne.. vous... excitez...pas. Vous...avez...besoin...de...repos."
"- Elle n'entend pas ce que vous dites."
(l'infirmière foudroya du regard Johnny) "- Avec des compresses sur les oreilles, vous non plus vous n'entendriez rien."
(Johnny resta un moment stupéfait, observant alors qu'elle disait vrai) "- Oh...Et quand lui enlévera-t-on?"
"- Pas avant demain matin. D'ici là, il faut qu'elle se repose !"

Elle prit soin de hachurer ses mots comme pour pousser Johnny à quitter la pièce, mais il n'était pas décidé, non, non. Il reporta alors son attention sur Salsa qui ne comprenait rien du tout à ce qui se passait autour d'elle et il amena la main qu'il avait gardé prisonnière dans la sienne jusqu'à son oreille pour lui faire comprendre que ses tympans étaient obstrués. L'infirmière contourna alors de nouveau le lit pour regagner la porte, faisant claquer ses hauts talons sur le sol à chacun de ses pas.

"- Extinction des feux à 22h tapante."

Et elle les laissa seuls, quelle horrible femme. Johnny poussa même un soupire de soulagement dès sa sortie de la chambre, alors qu'un sourire tendre étirait de nouveau ses lèvres pour Salsa. Mais c'est alors que de nouveau on poussa la porte de la chambre, c'était Danny, qui n'avait pas pu rester derrière la porte à attendre, venant prendre des nouvelles de sa petite protégée.

59.

Une vague de panique s’était emparée d’elle. Alors que Salsa le voyait parler, elle n’entendait strictement rien, elle se redressa vivement sur son séant et c’est le moment que choisit une infirmière aux allures de matrone pour entrer dans la chambre. D’après son expression, elle n’avait pas l’air contente du tout, et pour une fois, Salsa fut soulagée de ne pas entendre ce qu’elle pouvait bien raconter. Cependant elle resserra son emprise sur la main de Johnny, alors qu’il jetait un coup d’œil à sa montre. Il n’allait pas déjà la laisser. Le regard de Salsa allait de l’un à l’autre, à nouveau inquiète.

Son regard brilla de colère quand la matrone la repoussa contre les draps, sans délicatesse aucune. Salsa la fusilla du regard alors que l’autre semblait la prendre pour une demeurée. La réplique allait sortir cinglante, malgré le fait qu’elle ne comprenait toujours rien quand Johnny attira son attention. Il lui montrait ses oreilles…

Elle cligna des yeux sans comprendre pendant quelques secondes et c’est en portant ses mains vers ses oreilles qu’elle comprit.. Des pansements!! Mais bien sûr!
Salsa ne se préoccupa plus du tout de la mégère qui venait de sortir et reporta son attention sur Johnny, elle voulait en savoir plus, et elle reprenait déjà du poil de la bête.

Alors qu’elle allait lui montrer le bloc note que le médecin avait laissé sur la table de chevet, la porte s’ouvrit à nouveau pour laisser entrer nul autre que son agent, Danny.
Celui-ci s’avança vers eux, affichant son air jovial et son regard acéré ne manqua pas de remarquer les mains liées de Salsa et Johnny. Son sourire s’élargit encore plus..

- Alors ma belle? Ça y’est … les misères sont terminées!!
- tu t’en es sortie comme un chef!…
- Danny, elle n’entend toujours pas..

Le sourire du bonhomme retomba aussi vite. Il dévisagea tour à tour Johnny et Salsa.

- mais et l’opération?.. Ça n’a pas marché?
- si bien sûr, mais ils lui ont laissé des pansements dans les oreilles pour protéger ses tympans encore fragiles..
- ils les lui enlèvent demain..

Salsa s’énerva, les voyant discuter tranquillement entre eux, ils l’avaient oublié!

- Est-ce que l’un de vous deux, aurait l’amabilité de m’expliquer?..
- ou bien vous voulez me laisser mijoter encore un peu?..
- tenez le bloc là.. Voilà.. Bien plus simple!

Ce fut Johnny qui se chargea de lui expliquer en quelques lignes qu’elle était tirée d’affaire et que ses pansements lui seraient retiré dès le lendemain.. Elle jeta un regard à Danny et se tourna à nouveau vers Johnny.

- Alors demain, demain je pourrai à nouveau rentrer chez moi?…

Elle espérait vraiment que oui. Salsa devait déjà se résigner à passer la nuit ici, mais elle refuserait de rester plus longtemps.. Johnny repris le stylo encore une fois, et lui nota qu’il n’en savait encore rien pour sa sortie. Alors Salsa se tourna vers Danny.

- Danny, dis leur.. Dis leur que je ne peux pas rester plus longtemps ici…Une nuit, c’est tout ce que je peux supporter..

- euh oui Salsa, je vais voir ce que je peux faire, mais c’est ta santé avant tout!
- quoi ?.. Ah oui .. J’oubliais, elle m‘entend pas.. Pas commode cette histoire.

Danny se dirigeait déjà vers la porte, mais alors que celle-ci allait se refermer, il glissa sa tête dans l’entrebâillement et avec son sourire malicieux leur recommanda:

- hé bougez pas, je reviens de suite !!

Une fois qu’il fut sorti, Salsa sentit sur elle le regard intrigué de Johnny. Sa réaction vis-à-vis de son séjour à l’hôpital, surtout qu’à présent elle était hors de danger avait du le surprendre. Le moment était venu de lui expliquer…Elle prit une profonde inspiration et se lança..

- …Je crois qu’il est temps que je te parle de ..de quelque chose..
- euh ça va être un peu long… et.. Ça va pas être facile de réveiller tous ces vieux démons..

Ils se regardèrent et Johnny repris place sur le lit, gardant toujours sa main dans la sienne.

- Il y a 6 mois de cela…
- Ou pour bien comprendre, ça remonte plutôt à un peu plus d’une année..
- je recevais régulièrement des appels anonymes, le genre d’appels qui.. Enfin pas très agréable à entendre..
- bien sûr j’ai vite fait mettre ma ligne sur liste rouge..
- mais il y a eu d’autres problèmes…

Salsa butait un peu sur les mots et elle regardait ses mains à présent, comme si elle avait honte, c’était un sentiment étrange en fait de devoir confier toute cette histoire à un homme dont elle avait été si proche et qui n’avait jamais appris pour cette agression…

- j’ai reçu plusieurs paquets … des fleurs, des petits cadeaux..
- au début, je n’y prêtais pas grande attention… tu sais comment sont les fans..
- mais ensuite, quelque un faisait régulièrement livrer des roses jaunes devant ma porte, ou alors dans ma loge.. Et il y avait des messages…
- c’était des menaces.. Des menaces de mort…
- j’ai fini par porter plainte mais…
- ils n’ont jamais rien trouvé..
- et puis il a commencé à me suivre, j’avais beau m’entourer de gardes du corps, je le savais là toujours à me guetter..
- je n’osais plus faire un pas hors de chez moi, si ce n’était accompagnée de mes gardes..
- je préférais rester enfermer chez moi, le seul endroit où je me sentais en sécurité..
-…..
- Et puis… un soir, il y a six mois, nous étions en plein tournage en Californie, j‘avais pris une chambre à l‘hôtel et j‘ai accepté l‘invitation d‘un ami à sortir..
- tu sais ce que c‘est.. Je voulais avoir un peu d‘intimité, sans ces gardes du corps qui étaient vingt quatre heures sur vingt quatre sur mon dos..
- donc je leur ai laissé la soirée et…
- cet ami m’a déposé devant l’hôtel..et…

Salsa s’interrompit.. Il fallait pourtant qu’elle aie au bout de cette histoire une bonne fois pour toute, alors elle continua, les yeux fixant un point invisible devant elle..

- il m’attendait…et comme par hasard le portier de service était absent..
- je…je..
- je n’ai rien vu…rien… à part une silhouette, une ombre noir et l’éclat de la lame, juste avant…
- juste avant qu’il ne m’attaque et me..poignarde sur le côté… juste là..

D’un geste désinvolte , elle lui désigna le fameux endroit entre les côtes. Elle avait passé sept heures sur la table d’opération. Les chirurgiens s’était battus pour la sauver.. La lame avait perforé un poumon et elle avait perdu énormément de sang . Quelqu’un avait ensuite donné l’alerte en retrouvant Salsa inconsciente, et les secours étaient rapidement intervenus…

Elle le lui raconta encore la visite des policiers qui l’avaient harcelé de questions, l’obligeant à revivre encore et encore cette horrible soirée. Et le pire c’est qu’elle n’avait pu leur donner aucun élément concret pour leur permettre de trouver une piste… C’est une boule dans la gorge qu’elle finit enfin par lui expliquer que son agresseur courait toujours ….La police n’avait jamais rien trouvé… Alors elle lui avoua, ce qui avait été si lourd à porter tous ces derniers mois, mis à part sa convalescence.

- … le pire c’est que.. Je n’ai rien fait… J’aurais du me défendre, mais je n’ai rien fait…
- j’ai rien vu!!! Tout c’est passé si vite!!! Oh Johnny!
- je n’ai pas su leur décrire quoique ce soit… si seulement j’avais…
- si seulement ce soir là, je n'avais pas renvoyé mes gardes chez eux.. si..

Après avoir demandé le numéro de la chambre, Kate, toujours en tenu de médecin car de garde se promenait dans les couloirs. Elle s'arrêta dans une chambre dans le service de grands brûlés et prit des nouvelles d'une patiente qu'elle avait géré à son arrivée aux urgences. Brûlée au troisième degré sur 60% du corps, Kate aurait préféré qu'elle meurre pour son bien à elle mais elle avait tenu le coup et continuait à le tenir. Elle discuta quelques minutes avec cette dame puis continua son chemin.

Elle arriva ensuite dans le service d'orthopédie et alla voir une veille dame de 78 ans à qui ont venait de poser une prothèse de hanche suite à uen chute. Elle ne supportait pas d'être à l'hôpital surtout qu'elle savait qu'elle allait être placé par la suite car ses enfants ne voulaient pas s'en charger. Elle resta assez longtemps avec elle, essayant de lui remonter le moral, essayant de la sortir de sa dépression. Après avoir réussit à obtenir un sourire, elle la laissa et se dirigea vers le service ORL.

Arrivant devant la chambre de Mademoiselle Inferno, elle croisa un homme qui en sortait. Visiblement, il n'avait pas l'air dans son assiette, elle voulut lui parler mais il disparaissait déjà dans l'ascenseur. Elle haussa les épaules et frappa à la porte. Une voix d'homme lui répondit et elle entra. Elle reconnu l'homme qui avait accompagné Salsa aux urgences plus tôt. Elle lui sourit puis se dirgea vers la patiente. Elle lui sourit puis vit le petit carnet et sans lire ce qu'il y avait écrit dessus, elle écrivit lisiblement en s'appliquant quelques mots.

Citation :

Je suis le Docteur Cassidy!
C'est moi qui me suis occupée de vous tout à l'heure!
Votre opération c'est bien passé d'après le Docteur Duglos!
Vous allez bien? Je peux faire quelque chose pour vous?

A son faciès, elle voyait très bien que ça n'allait pas et qu'elle était contrariée, voire même un peu démoralisée. Etait-ce à cause de l'homme qui venait de sortir? Elle ne posa pas de questions à ce sujet car à vrai dire, si elle ne voulait pas parler, elle ne la forcerait pas! Elle lui tendit le bloc afin qu'elle puisse lire ce qu'elle lui avait écrit, puis attendit ses réponses.

60.

Salsa qui avait gardé ses yeux baissé le temps de lui raconter cette partie si difficile de sa vie, fixa surprise la goutte qui venait d’éclore sur leurs mains liées. Elle releva aussitôt la tête, au moment où Johnny se détournait d’elle.

Mais elle avait eu le temps de voir l’expression tourmentée sur son visage, et cette tristesse. Troublée de voir combien son histoire l’avait marqué, elle leva une main pour frôler sa joue, retrouver son regard, elle ne supportait pas qu’il se détourne d’elle ainsi..

L’arrivée de Danny, interrompit son geste et sa main se reposa sur celle de Johnny qui pressait encore son autre main. Salsa regarda son ami dont le visage laissait deviner qu’il apportait de bonnes nouvelles. Elle allait lui rendre son sourire quand elle sentit la pression sur sa main se relâcher. Salsa cherchait désespérément à croiser son regard mais au lieu de cela, Johnny se releva lui tourna le dos et sortit de la chambre.

Danny lui dit quelque chose, mais bien sûr elle n’entendit rien et ne sut pas si Johnny avait répondu.. La peur, l’angoisse étreint à nouveau son cœur avec une telle force que cela en fut douloureux.. Il était parti, sans un mot, sans un regard…

Salsa restait pétrifiée sur le lit, incapable de réagir, de parler, fixant la porte qui se refermait doucement.
Son agent s’approcha rapidement d’elle et lui tapota dans le dos.

- Salsa? Ça va ? Panique pas! Il a été faire un tour.. Héé fais pas cette tête là!
- Oh bon sang voilà qu’elle pleure à présent..
- rondijeu! Il est ou ce bloc à là.. Voilà!

Salsa n’entendait pas, et les larmes débordaient à présent sur ses joues.. Danny la secoua gentiment essayant d’attirer son attention et finit par lui coller le bloc sous les yeux. Elle fixa un instant le papier sans le voir, puis après avoir cligné plusieurs fois des paupières, elle comprit enfin la signification de la phrase que Danny venait d’écrire..

Elle dévisagea Danny, comme si elle n’osait croire à ce qu’il venait de lui écrire.. Il lui sourit, et hocha vigoureusement la tête. Elle avait bien lu, mais à présent, Salsa avait l’air d’une idiote, mi pleurant, mi riant, elle s’essuya les yeux, attrapa le mouchoir que Danny venait de sortir de sa poche et se moucha bruyamment..

- oh alors il va revenir?..
- suis-je bête.. J’ai cru.. J’ai cru que. J’ai eu si peur…
- Raa vivement demain, je ne supporte plus de ne rien capter quand vous êtes là tous les deux, les gens parlent autour de moi, comme si je comprennais tout et rien!!..c’est terriblement frustrant..
- Tu es sûr qu’il va revenir?..

Salsa ne l’entendit pas, mais à le voir, Danny riait de bon cœur.. Elle respira un grand coup, et tâcha de se mettre dans la tête qu‘il allait revenir, mais elle ne pouvait s‘empêcher de penser au pire.
C‘est alors que le médecin qui l‘avait accueillie aux urgences entra dans la chambre. Salsa fronça les sourcils, encore une qui allait lui faire des monstres théories. Mais cette dernière saisit le bloc, écrivit d‘une main sûre quelques mots et tendit le papier à Salsa..

Après avoir parcouru les quelques lignes, Salsa leva un visage reconnaissant vers cette femme qui lui souriait gentiment.

- Oh merci., Dr Cassidy.Je suis soulagée qu’on arrête de me prendre pour une demeurée!
- Je vais bien.. Euh enfin je crois.

De nouveau ses pensées allèrent à Johnny. Cela devenait obsessionnel et Salsa se sermonna intérieurement. Elle n’irait pas loin à ce rythme. Il n’était apparu dans sa vie que depuis deux jours, et déjà il lui était indispensable. C’était affolant. Salsa se concentra à nouveau sur l’instant présent et rendant son sourire à la femme médecin, lui répondit.

- Et à présent, je ne désire plus qu’une chose, c’est rentrer chez moi, et d’après ce que j’ai appris. Je pourrai rentrer demain. Merci Dr Cassidy.

La femme lui serra chaleureusement la main et après un dernier signe de tête à elle ainsi qu’à Danny, les quitta aussi rapidement qu’elle était entrée. Salsa repensa aux mots écrits sur le papier. Elle désirait bien plus que de rentrer chez elle, Salsa désirait qu’il revienne et qu’il lui dise qu’il ne la rejetterait pas. Ca, elle ne pourrait pas le supporter.

La suite sur les toits de l'hôpital..

64.

précédemment sur les toits de l'hôpital.

C’est avec une grande délicatesse qu’il la redéposa dans son lit. Salsa savait bien qu’il lui faudrait retourner chez lui, mais un sentiment indéfinissable lui disait qu’elle ne devait plus avoir peur, et même si elle eut beaucoup de mal à se résoudre à se séparer physiquement de lui, c’est en souriant qu’elle lui dit.

- Et bien, il va falloir que tu me laisses à présent, sinon on va encore se faire gronder.
- et l’autre là, je l’imagine bien déjà en train de nous punir pour avoir fait l’école buissonnière.

Elle sourit et même si elle ne l’entendit pas rire, son visage parlait pour lui. Alors qu’il se redressait, elle le retint un instant, déposant un dernier baiser sur ses lèvres.

- on se revoit bientôt, n’est-ce pas?

Salsa le dévisagea, sans vraiment attendre de réponse, elle ne l’aurait pas entendu de toute manière, c’était surtout pour lui dire qu’elle espérait le revoir. A présent il fallait qu’elle le laisse partir.

- Bonne nuit Johnny..

Elle s’allongea résolument dans son lit, tirant le drap sous son menton, lui souriant d’un air rassurant pour qu’il puisse rentrer la conscience tranquille.

65.

Un léger mouvement sur le côté, une main qui frôla la sienne, Salsa se réveilla en sursaut, ouvrant de grands yeux inquiets. Face à elle, debout devant son lit, l’infirmière qu’elle avait croisé dans le couloir la veille, lui tenait le poignet. Elle lui prenait le pouls en regardant sa montre, puis sortit tout un attirail que Salsa avait déjà vu et lui passa un bandage autour du bras. Elle serra un peu les dents quand l’air lui comprima fortement le bras puis retrouva sa respiration normale quand l’infirmière retira le bandeau.

La jeune femme lui fit un nouveau sourire et lui montra que tout était ok, le pouce en l’air. Puis après avoir noté la pression de Salsa sur la fiche de soin, elle ramassa son attirail et s’apprêtait à se retirer quand Salsa l’appela:

- Oh attendez, mademoiselle! Pourriez-vous me dire quand on viendra me retirer ces pansements?

L’infirmière haussa les épaules, désolée apparemment de ne pas pouvoir lui donner de réponse, et se retira après lui avoir lancé un clin d’œil. Salsa tourna la tête pour regarder à l’extérieur. Sa chambre était située dans les étages supérieurs de l’immeuble et elle ne voyait que le ciel bleu à perte de vue. Peut-être que si elle se redressait un peu.

Ses pieds touchèrent doucement le sol et elle se redressa lentement pour éviter le vertige qu’elle avait eu la veille. Mais ce matin, elle se sentait en pleine forme et avait hâte à présent de renter chez elle. Salsa s’approcha de la baie vitrée et se laissa longtemps perdre dans la contemplation du superbe panorama qui s’offrait à elle.

Ou était-il en ce moment, que faisait-il, pensait-il à elle? Les souvenirs de la veille lu revinrent en mémoire, tellement magnifiques que pour un peu, elle croirait avoir rêvé. Mais la nuit calme qu’elle venait de passer lui prouvait le contraire. Elle s’était sentie apaisée enfin…

Une main qui se posa délicatement sur son épaule la fit violement sursauter. Salsa fit volte face pour reconnaître le médecin qui s’était occupé d’elle la veille. Elle posa une main sur son cœur en soupirant.

- Bon sang, vous m’avez fait peur!..
- heureusement que je ne suis pas cardiaque, vous auriez du me garder plus longtemps encore..

Elle lui fit un sourire malicieux et ajouta immédiatement, les yeux reflétant un mélange d’excitation et d’inquiétude.

- Alors ça y’est, vous êtes venu m’enlever les pansements?.. Oui?
- Et je serai fixée tout de suite , si je peux à nouveau entendre?.

D’après son expression, le médecin riait à présent. Il lui saisit les mains et l’invita à retourner s’installer sur le lit et c’est à ce moment qu’une infirmière entra dans la chambre avec un plateau et des pinces. Salsa jeta un coup d’œil sur les ustensiles, à nouveau inquiète, les médecins lui avaient dit à plusieurs reprises que tout était ok, mais ils ne seraient réellement fixé qu’après avoir retiré les pansements.

Elle essaya de rester le plus immobile possible tandis que le médecin retirait enfin les drains de coton qu’on lui avait installé dans les oreilles. Ses conduits auditif étant devenu très sensible, elle ressentit une vive douleur et crispa ses mains l’une dans l’autre en fermant les yeux. Mais elle ne protesta pas un seul instant, et elle respira à nouveau après qu’ils lui aient retiré le second drain de coton.

- C’est bon? Ça y’est ?

Le soulagement se peignit sur son visage, Salsa venait d’entendre sa propre voix, mais pour être sûr elle se tourna vers le médecin, attendant d’entendre enfin sa voix.

- Oui, au premier abord tout me paraît en ordre! Alors bon retour parmi les entendants, mademoiselle Inferno!
- Ouiii, je vous entends, enfin!! Merci docteur, je ne saurai jamais assez vous remercier!!

Salsa spontanément s’était penchée pour lui coller une énorme bise sur la joue, tout sourire. Elle ne tenait déjà plus en place, s’agitant sur le lit et s’empressa de lui demander.

- Alors c’est bon, je peux rentrer chez moi?
- Oh attendez, il faut d’abord que je vous fasse un examen approfondit de vos conduits auditifs, puis après il faudra faire une première série de test. Ensuite vous prendrez rendez-vous pour une consultation afin de faire les derniers tests qui nous garantiront que tout est parfait.
- hum je vois. Ben alors ne perdons plus une minute et allons faire ces examens!
- euh oui mais il me faut d’abord voir quelques autres patients avant. Si vous voulez bien patienter un peu, une infirmière vous mènera en salle de consultation.

Salsa se renfrogna sur son lit. Patience qu’il lui avait dit, comme si elle savait être patiente. Mais bien sûr il ne pouvait pas deviner pourquoi elle était si pressée tout à coup de sortir de l’hôpital.

Elle dut ainsi patienter deux heures de plus avant de subir ces fameux examens qui comme le médecin s’en doutait étaient parfaits. Il lui donna un rendez-vous pour dans quinze jour et enfin, il lui donna l’autorisation de sortie.

Après qu’il fut sorti et que Salsa l’ait à nouveau remercier, elle se jeta sur ses affaires et faillit faire une crise de nerf en constatant que son portable avait sa batterie à plat. Puis se reprit très vite en voyant l’appareil qui était à disposition dans sa chambre. Il fallait qu’elle se calme, où elle allait finir par faire des gaffes.

C’est d’une voix suraiguë qu’elle mit Danny au courant du verdict des médecins. Elle était guérie et pouvait rentrer. Il fallait juste qu’il vînt la chercher et lui apportât des vêtements propres qu’Elsie lui fournirait. Avant de raccrocher elle le pressa une dernière fois.

- Fais viiiite, j’ai peur qu’ils ne changent d’avis tout à coup.. Sait-on jamais..
- je t’attend!

Quand enfin il fut là, Danny et Salsa ne purent éviter la foule de journalistes qui attendaient avec impatience des nouvelles de la star. Un instant effrayée par tout ce vacarme qui assaillait ses oreilles devenues sensibles, Salsa baissa les yeux pour ne pas être éblouie par les flashs. Elle se dit qu’une fois rentrée, il faudrait qu’elle règle au plus vite ce problème de garde du corps.

Suite à la villa de Salsa...

( Salle de réveil )

( -=* Ambiance *=- )

Johnny eut pendant quelques instants un faux espoir quand le docteur Cassidy débarqua dans la salle de réveil et lui annonçant qu'ils ne le garderaient pas plus pour le mettre... dans une chambre. Lui qui pensait qu'il pourrait filer à l'anglaise, même si Lana n'allait pas, il détestait les hopitaux, leur ambiance austére et tous les vilains souvenirs qui s'y raccrochaient. Mais bon, ce n'était pas vraiment grave, la journée était déjà bien avançée, la nuit avait même fait son apparition, et il n'était pas en forme de toute façon, rien que le voyage pour rentrer à sa villa ou celle de Salsa l'aurait épuisé.. Il préférait rester là, avec elle et profiter jusqu'aux derniers instants de son visage, jusqu'au moment où ses paupières se fermeraient seules..

Deux infirmiers arrivérent alors dans la pièce et enlevèrent les cales du lit de Johnny pour le sortir de la pièce mais alors qu'ils allaient tous franchir la porte, Salsa les arrêta pour leur demander une faveur qui l'étonna.. Il équarquilla les yeux en la regardant, c'était vraiment... adorable comme attention et un sourire tendre étira alors ses lèvres, son regard posé sur elle, retrouvant toute son intensité.. Elle glissa de nouveau sa main dans la sienne et leurs deux pouls se mirent à battre à l'unisson alors qu'ils sortirent enfin et qu'on installa le lit de Johnny dans une chambre identique à celle où Salsa avait été installé la veille. Les deux infirmiers calérent le lit puis les laissérent seuls.

"- Merci..."

Les doigts de Johnny s'étaient serrés un peu plus fort sur ceux de Salsa, il était vraiment touché par cette attention à son égard, il savait les efforts que cela avait inclus pour elle, c'était la femme de sa vie, plus aucun doute ne pouvait subsister, jamais personne ne l'avait regardé avec un tel regard, ni même embrassé avec une telle intensité.. Tous les moments qu'ils passaient ensemble étaient extraordinaires, fulgurants, intenses et pourtant normaux, c'était justement ça qui était magique.. Ils n'avaient besoin de rien, si ce n'est d'eux.. Salsa se pencha sur son lit et posa ses lèvres sur les siennes, un baiser plus raisonnable que ceux qu'ils avaient échangés avant.. Mais il fallait ça pour éviter que l'expérience ne se réïtére.

Une aide soignante fit alors son apparition dans la chambre, portant dans ses mains un plateau repas qui servirait de repas à Johnny ce soir.. c'était un classique de la bouffe d'hopital, concombre en salade, purée, cote de porc, petit suisse avec sucre et une compote.. L'aide soignante offrit un sourire purement professionnel aux deux célébrités puis sortit un petit échantillon de comprimés.

"- Avalez-les au milieu du repas."
"- Mmmh... C'est pour quoi?"
"- Ce sont des anti-douleurs, votre nuit risque d'être agitée.. Il faudra que vous en preniez pendant un certain temps."
"- Ah, d'accord, merci.."

L'aide soignante lui offrit un deuxième sourire, suivit d'un petit clin d'oeil, visiblement elle le connaissait, mais qui n'avait jamais vu son visage?.. Elle remonta alors le lit de Johnny avec la commande éléctrique pour lui redresser le dos pendant qu'il mangeait..Puis elle quitta la pièce pour les laisser seuls de nouveau, le plateau repas posé sur un chariot métallique qui pouvait surplomber le lit. Johnny jeta un coup d'oeil sur la nourriture qui ne lui faisait pas très envie et une grimace étira ses lèvres alors qu'il lança un regard à Salsa..

"- Tu voudrais pas aller m'chercher un sandwich dis..?"
"- Hors de question."
"- Mais pourquoi?"
"- Il faut que tu manges equilibré pour récupérer des forces."
"- Mouarf..."

Johnny fit la moue mais Salsa elle était souriante, amusé par sa petite crise d'enfant gaté.. Voyant qu'il n'était pas motivé pour manger, elle saisit alors ses couverts en plastiques et coupa sa viande avant d'approcher la fourchette de ses lèvres.

"- Allez, on fait -Ahhh- "

Johnny la regarda en haussant un sourcil avant d'éclater de rire, mais il finit par ouvrir la bouche et macher sa première bouchée..

"- Che pourrais m'y faire, fais attenchion."

Dans les couloirs de l'hôpital, il y'avait du monde, du bruit, des pleurs et des photographes...Quand le flash se déclencha sur son visage, elle cru qu'elle allait exploser mais son état ne le lui permettait pas. Toute fois, un garde du corps écarta l'homme et le menaça de lui foutre en l'air sa carrière si jamais il publiait ses photos.
Lana regardait le plafond, les lumières néoniques du plafond étaient aveuglantes pour quelqu'un qui sortait des anesthésies.

- Emmenez-la dans las chambre numéros 6, c'est la volonté du patient en question.

Ils traversèrent les couloirs jusqu'à prendre l'ascenseur. Comme elle détestait cette odeur d'hôpital. Elle tourna la tête vers l'infirmier et lui demanda d'une voix faible, parler relevait de l'effort extrême.

-Combien de temps...encore....ici?

L'infirmier regarda le bilan de la demoiselle et la regarda ensuite .

]-Vous en avez encore pour au moins une semaine en hopital, après selon comment évolue votre cicatrisation vous pourrez rentrer chez vous.

Rester ici une semaine? Il ne fallait pas rêver. Dès qu'elle serait en état de parler, ils pourront s'attendre à ce qu'elle exige de rentrer chez elle quitte à embaucher un infirmier à dommicile. Hors de question de rester cloîtrée entre quatres murs blancs.
La porte de l'ascenseur s'ouvrit, au moins à cet étage il n'y avait pas de cris juste cette horrible odeur de médicaments et de serums. Ils ouvrirent la porte d'une chambre, Lana entendit une voix familière, elle tourna doucement la tête et constata avec plaisir qu'il s'agissait de son ami Johnny avec sa jolie compagne. Elle sourit faiblement en articulant une petite phrase pour ne pas trop montrer le piteux état dans lequel elle était. Il la connaissait et savait très bien comme elle était orgueuilleuse et combien elle détester se montrer en position de faiblesse.

-tu as vu...je m'entraîne pour... mon prochain rôle...je suis crédible?

Dit-elle tandis qu'on la rebranchait à toutes ces machines, elle voulu se redresser mais savait bien que pour le moment il lui était impossible de se mouvoir. Elle avait toujours les yeux plongés dans ceux de son 'grand frère' partageant le même sentiment de réconfort de le sentir non-loin d'elle. Elle regarda ensuite Salsa et lui offrit le même sourire faible mais pleins de gentillesse.

-Il a la chic pour jouer....les héros.

L'infirmier lui imposa ensuite de cesser de faire déjà tant d'efforts et de tâcher de se reposer. Facile à dire, elle avait déjà trop dormi à son goût et pourtant, elle savait qu'elle était plus vulnérable que jamais.

78.
Ambiance

Salsa riait franchement à présent, surtout depuis qu’elle avait malencontreusement renversé une partie du petit suisse qui s’était subrepticement glissé entre le plateau de service et Johnny, atterrissant dans une zone plutôt ..minée.. Johnny avait reculé pour constater les dégâts.

- Roh Salsa, tiens, je parie que tu as fait exprès!!

Salsa, balançée entre l’envie de rire et la surprise de découvrir que sous les draps il ne portait que son caleçon, avait répliqué le plus innocemment du monde, laissant son regard s’égarer.

- Voyons! Que vas-tu encore penser? Moi, me prêter de telles intentions?
- Je ne voulais que t’aider à te nourrir.. hm.. Attend, laisse-moi faire..

Elle avait saisit la serviette en papier sur le plateau et s’était appliquée à réparer les dégâts, frottant la malheureuse tâche, un sourire relevant de plus en plus le coin de sa bouche. Soudain la main de Johnny lui saisit le poignet. Elle leva un regard faussement surpris vers lui. Il avait drôlement retrouvé des couleurs et son regard brillait d’une lueur dangereuse.

- Salsa!
- moui ?
- tu ne devrais pas jouer à ce petit jeu avec moi!
- hm quel jeu?
- tu sais très bien de quoi je parle, et tu risquerais d’être perdante!

C’est là qu’elle avait éclaté d’un rire joyeux, après avoir posé sa serviette sur le plateau.

- Arrête, c’est pas drôle!
- Oh si! J’adore jouer avec toi, Johnny..
- han, attends un peu qu’on soit rentré, et je te montrerai comment je joue.

Salsa avait cessé de rire mais elle continuait de sourire, de cette façon diabolique comme quand elle avait une idée derrière la tête.

- et si tu me montrais un petit aperçu?

Johnny gronda, et saisit Salsa par la main avant de l’attirer subitement tout contre lui au grand plaisir de cette dernière qui ouvrait déjà la bouche pour recevoir ce fameux aperçu. Son geste resta en suspend car à ce moment là la porte s’ouvrit pour laisser le passage à un lit d’hôpital.

Les infirmiers ramenaient Lana de la salle d’éveil et cette dernière semblait effectivement tout à fait éveillée. Salsa se redressa vivement, et fit mine de faire de l’ordre sur le plateau du repas. Elle sourit quand son regard tomba sur la serviette, puis retourna s’assoire sur le bord du lit, hésitant tout à coup à retrouver un geste familier avec Johnny qui avait toute son attention à présent portée sur la jeune femme. Cette dernière fit une plaisanterie sur son état, mais Salsa se garda d’intervenir, ne connaissant pas assez cette personne pour savoir comment elle réagirait, elle se contenta donc de lui rendre son sourire. Mais Lana s’adressa ensuite directement à elle et Salsa se demanda si c’était une question, ou un simple avis.

- Il a la chic pour jouer....les héros.
- Euh oui, on dirait bien.. Enfin pour ma part, je vais laisser le héros se reposer, mais je ne m’inquiéterai pas trop vu qu’il n’est pas tout seul.

Salsa se tut un instant, ses paroles lui semblaient raisonner terriblement creux. C’était le plus mauvais rôle qu’elle n’ait eu à jouer, et pourtant, il le fallait bien. Elle se releva et ajusta les brettelles de sa robe qui avaient une fâcheuse tendance à tomber dès qu’elle se trouvait en compagnie de Johnny.

- Johnny, je vais te laisser avec ton amie, demain matin je serai là à huit heure, oui je sais, ils avaient dit demain après-midi, mais tu me connais, je ne suis pas du genre patiente.. Et ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent, une nuit loin de toi c’est déjà trop. Bonne nuit mon cher.

Alors qu’elle s’apprêtait à lui donner un dernier baiser avant de partir, il lui saisit la main, le regard malicieux.

- mon cher?

Leur regard se croisèrent cherchant à sonder l’autre.

- .. Hm mon chéri..

Salsa posa un doux baiser sur ses lèvres et s’écarta rapidement, pour ne pas prolonger l’instant tant redouté. A la hauteur du lit de Lana, elle ralentit un peu et lui dit d’un ton serein.

- Mademoiselle Fox, je vous souhaite aussi une bonne nuit. Je pense que nous aurons l’occasion de mieux nous connaître une autre fois.

Et Salsa très digne dans cette robe couleur ciel d’été, quitta la pièce de sa démarche élancée, sans plus se retourner.

( suite dans le hall de l'hôpital)

Kate arriva dans la chambre de Monsieur Cash et Mademoiselle Fox! Le règlment interdisait les chambres mixtes mais bien sûr, dès qu'il s'agissait de star, tout le monde se pliait en quatre pour eux. Enfin bref, si Mei Liao passait par là, il y a des oreilles qui allaient siffler!!!
Elle croisa Mademoiselle Inferno sur le pas de la porte et lui souhaita une bonne soirée avant de toquer à la porte et de rentrer. Elle embrasa la pièce d'un regard et s'approcha du premier lit où se trouvait Monsieur Cash. Elle consulta le dossier au pied du lit et sourit.

Bonsoir Monsieur Cash, vous avez eu de la chance dis donc! Un peu plus et c'est l'os qui prenait! Demain vous devriez pouvoir quitter l'hôpital!!

Elle se tourna ensuite vers sa petite opérée et consulta les constantes et tout le blabla puis sourit. Tout allait bien de ce côté aussi.

Et bien, on peut dire que c'est un chambre de chanceux ici!! Attention, Mademoiselle Fox, je vais regarder votre pansement!

Kate se plaça de sorte à empêcher Monisuer Cash de voir quoique ce soit (au diable les chambres doubles!) et souleva le drap puis la surblouse pour regarder le pansement! Il était toujours bien collé, propre, sans épanchement! Elle remit tout en place et sourit.

Et bien le pansement est niquel, je reviendrais sûrement le faire demain!!

A moins qu'une infirmière voulant à tout prix un autographe vienne le faire, songea-t-elle... Elle se recula un peu puis les regarda à tour de rôle.

Je peux faire quelque chose pour vous??

81.

Auparavant, villa de Salsa..

La Mercedes se gara à sept heures cinquante précise devant l’hôpital d’Heaven Island. Comme il était très tôt, heureusement pour Salsa, il n’y avait que quelques journalistes qui stationnaient devant le bâtiment. Encore un peu endormis, sans doute, ils ne réagirent que trop tardivement alors que Salsa d’une démarche rapide, franchissait déjà l’entrée de l’hôpital. Mais il était certain qu’à présent, ils allaient alerter tous leurs collègues et que ceux-ci réserveraient le même genre d’accueil à Johnny que celui qu’avait eu Salsa la veille. A cette idée, un petit sourire moqueur releva le coin de ses lèvres, elle savait l’acteur peut adepte de ces bains de journalistes, mais il ne pourrait pas y échapper, c’était le lot de toutes les stars.

L’ascenseur les mena rapidement à l’étage où se trouvait la chambre de Johnny. Salsa savait que normalement il ne pourrait pas sortir avant la fin de l’après-midi, mais elle ne saurait pas se montrer si patiente. S’il le faudrait, elle était prête à organiser un enlèvement, elle rit intérieurement en jetant un coup d’œil à Tom et Jo qui marchaient toujours à ses côtés. Elle se demanda s’ils seraient d’accord de l’aider dans ce cas.

Les couloirs étaient calmes, et aucune infirmière ou médecin étaient en vue sauf une fois qu’elle eut passé le dernier angle. Salsa stoppa net son mouvement et retint Tom qui marchait à côté d’elle, mais un peu plus elle faillit être découverte, car Jo surpris par l’arrêt subit se heurta dans son dos, et Salsa se retint juste à temps au mur pour ne pas être bousculée hors de sa cachette. Tous les deux la dévisageaient, stupéfaits par sa réaction.

- Y’a un problème?
- Chuttttttt !!
- pourquoi on attend là ?

Jo ne comprenait pas trop l’étrange comportement de sa patronne et Tom encore moins car quand tous deux s’étaient penchés, ils n’avaient vu qu’un médecin et une infirmière ainsi que les deux gars avec lesquels, ils avaient sympathisés la veille.

- ça y’est, ils sont partis, on peut y aller..
- Mais qui ILS ?

Mais Salsa n’écoutait plus, et se dirigea rapidement vers la chambre, laissant ses gardes du corps dans le couloir. Elle poussa tout doucement la porte et sourit en le découvrant en train de déjeuner.. Jetant un coup d’œil au passage sur Lana, elle constata que la jeune femme dormait toujours, elle s’approcha un peu plus jusqu’à ce qu’il la remarqua…

- Bonjour mon chéri.. tu as bien dormi?

Salsa franchit les derniers mètres qui la séparaient encore de lui et se pencha pour déposer un doux baiser sur ses lèvres, baiser qui se prolongea et auquel elle s'arracha à contre coeur...Une nuit, mais il lui avait déjà tant manqué..

83.

Ambiance

Ni l’un ni l’autre n’eurent le courage de mettre un terme à cette folie douce, à cette torture des sens qui les consumaient peu à peu. Deux êtres qui ne demandaient qu’à ne faire plus qu’un, sans plus s’interroger, sans plus raisonner, se laissant glisser sur la crête de cette vague qui les emmenaient sur d’autres rives. Chacun était devenu vital à l’autre, comme la terre ne pouvait pas se passer de son soleil, comme la plante ne pouvait pas se passer de l’averse, comme l’humain ne pouvait se passer d’oxygène.

Johnny était devenu son oxygène et elle était devenue son soleil, il ne pouvait plus en être autrement désormais. Mais s’ils avaient oublié le monde extérieur, lui ne les avait pas oublié.. Un soupir, une plainte les arracha l’un à l’autre. Ils échangèrent un regard comme pour s’assurer qu’ils se retrouveraient très vite, et pour sceller cette promesse invisible, il l’embrasse une dernière fois avant qu’elle ne s’écartât pour remettre de l’ordre dans sa tenue.

Et c’est le moment qu’il choisit pour prononcer ces mots , ceux qu’elle avait attendu autrefois, ceux qu’elle n’avait plus jamais espéré ensuite. Et là il les lui offrait telle une rose que l’on tend, illuminant de son éclat l’être aimé.

- Je t’aime…

La vie est ainsi, elle vous courbe le dos parfois sous le poids du malheur, elle est semée d’embûches, de difficultés qui vous semblent alors insurmontables, et il faut à chaque fois toujours plus de force et de courage pour vous relever, pour continuer à avancer.

Mais il y a aussi ces instants si brefs, mais si précieux, ou quelques mots seulement vous transportent de joie et vous connaissez alors, un pur moment de bonheur.

Salsa gravera à jamais ce moment dans son coeur, le gardant tel un trésor qu’elle pourra ressortir quand les temps seront plus durs.
Mais là, dans cette chambre d’hôpital, elle se remettait doucement de cette si tendre déclaration. Doucement et passionnément, comme le baiser qu’elle lui donna, en se jetant à son cou, les yeux brillant d’émotion.

Elle aurait voulu faire écho à ses mots, lui dire qu’elle aussi .., mais les mots restaient coincés dans sa gorge, aucun n’était assez fort pour exprimer ce qu’elle ressentait en ce moment. ..Johnny lui sourit tendrement et l’aida à se sortir de ce flot d’émotions qui empêchait toute parole.

- Quand me kidnappes-tu?.. J'ai si hâte de rentrer.. et de n'être qu'à toi.

Salsa lui rendit son sourire, et retrouva sa voix pour lui répondre.

- Et si on y allait tout de suite?