Evergreen Park, Chicago.

(39) ( avant propriété Tanner)

Nada Surf: If you leave

Dans la Berline qui menait à l’aéroport, Colin repensa au visage d’Elisha. Il ne s’était pas attendu à ses larmes, mais avait imaginé quelques remarques bien piquantes visant encore à l’énerver. Il s’était trompé, elle ne s’était nullement réjouie de son départ. Il soupira en secouant la tête, ces vacances leur ferait du bien à tous les deux, elle devait apprendre qu’il ne serait pas toujours là pour veiller sur elle. Elisha s’attachait trop à lui, elle était jeune, se croyait amoureuse. Oui, un peu d’éloignement devenait nécessaire.

Et tandis que la berline s’arrêtait devant l’aéroport, il regretta tout de même de ne pas avoir eu le temps de lui acheter une bricole pour les fêtes, un petit geste, enfin, il trouverait quelque chose à Chicago. Avant de décoller, il eut tout juste le temps de prévenir de son arrivée. Mais il se demanda si son frère avait bien capté le fait qu’il allait débarquer dans quelques heures pour passer les fêtes en famille. Il avait promis à sa mère de passer, mais ne s’attendait pas lui-même à se rendre à Chicago pour les fêtes. Et c’était sans aucun enthousiasme qu’il s’y rendait, parce qu’il le fallait bien, parce que la famille malgré tout ça restait sacré, même si à chaque fois, il finissait par se disputer avec l’un ou l’autre, de sa mère, à sa sœur ou à son frère. Et puis il y aurait sans doute les gosses de Marly.

Il fut prit soudain d’une furieuse envie de s’en griller une. Mais il lui faudrait encore attendre une heure et demie. A l’aéroport, personne n’était venu pour l’accueillir, du moins c’est ce qu’il crut jusqu’à ce qu’il faillit se faire renverser par une petite mustang rouge.

- Nom de dieu !! Tu peux pas regarder ou tu roules ? Chauffard !!

Ce n’est qu’à ce moment qu’il reconnut son jeune frère.

- Hey Frérot ! désolé, j’étais pas sûr d’avoir bien compris l’heure d’atterrissage de ton avion, mais tu vois, juste à temps ! Ahhh suis content de t’voir !

Brian bondit hors de la voiture qu’il avait garée en travers du chemin, et se précipita pour étreindre Colin avec son enthousiasme habituel. Mais celui-ci le repoussa, en colère :

- tin mais t’as appris où à conduire ?
- avec toi, tu as oublié ? Répondit Brian du tac au tac, avec un sourire malicieux. Colin soupira.
- pas comme ça !
- bon allez embarque, on discutera en route, maman est ravie que tu viennes. Tu as bien dit que tu restais la semaine ?
- on verra.. Et regarde la route bon sang !

Colin passa une main nerveuse dans ses cheveux et cette fois ne résista plus à son envie.

- ça te gêne pas si j’fume ?
- tu m’en allumes une ?
- tu fumes toi aussi ?
- ouaip, comme toi !

Brian lui fit un clin d’œil, le genre : Colin ne pouvait cette fois rien lui reprocher. Toujours cette foutue insouciance qui avait le don d’agacer Colin et qui brusquement lui rappela sa jeune protégée. Il resta silencieux alors qu’à côté de lui, Brian lui faisait un résumé coloré des derniers évènements d’Evergreen Park.

40.

Ça faisait un moment qu’il n’avait plus vu toute la famille, et Colin ne s’était pas attendu à tomber sur sa sœur, ni sur ses trois gosses. Par contre le beau-frère était absent, ce n’était pas une grande perte. Sa mère comme à son habitude, le serra dans ses bras, à l’étouffer, lui pinçant la joue au passage. Et il eut droit bien sûr au même discours.. Quand allait-il se marier, quand allait-il fonder une famille, quand allait-il enfin avoir une vie stable. Par contre cette fois, elle ne lui dit pas de prendre exemple sur Marly qui entamait, il l’apprit non sans surprise, une procédure de divorce. Chacun s’efforçait d’éviter le sujet, et Marly elle, faisait contre mauvaise fortune, bonne figure.

Les gamins étaient excités comme des puces, Noël arrivait à grand pas, il ne restait plus que deux jours. Mais déjà Colin était rassasié pour un mois, avec tous les plats que sa mère avait préparé pour tout le monde ces derniers jours. Et ils sortaient justement de table quand son téléphone portable sonna. Sur l’écran s’affichait le nom d’Elisha. Inquiet, Colin décrocha aussitôt. D’ordinaire, il se serait discrètement retirer pour s’entretenir en privé, surtout avec les langues un peu trop pendues de sa mère et de sa sœur, mais il n’avait pas pris cette précaution cette fois, ne songeant qu’à sa protégée.

Il fut vite rassuré sur son sort, et entendre sa voix au téléphone, lui fit un étrange effet, un peu comme s’il venait d’avaler un bonbon au miel. Il était heureux qu’elle ait appelé, même s’il se trouva un peu trop souvent à court de mot. En fait, il n’avait pas bien saisit pourquoi elle l’appelait. Et du coup, il s’était montré un peu brutal, mettant fin à la conversation sous les regards suspicieux de sa famille. Bon au moins il avait obtenue d’elle qu’elle rappela si jamais elle avait un problème..

- Elisha.. ta petite protégée ?

Colin leva la tête vers sa mère, pas vraiment surpris qu’elle eut écouté toute la conversation.

- oui c’est elle.
- elle voulait quoi ?
- j’en sais rien..
- hm
- quoi hmm ?
- oh non non rien.. Alors quelqu’un reprendrait bien un peu de dessert ?

Colin fronça les sourcils, n’aimant pas les airs mystérieux de sa mère, et déclina sa proposition avant de sortir sur la terrasse, fumer une cigarette. Il était nerveux soudain..

41. DeVotchka: How it ends

Ils étaient à la veille de Noël, et la maison plus que jamais était en effervescence, les gosses criaient, couraient de partout, sa mère était sans arrêt après lui pour qu’il aida d’un côté ou de l’autre, et sa sœur en rajoutait une couche avec la complicité de son frère. D’humeur plutôt maussade, Colin avait un peu du mal à se détendre, et à apprécier la plaisanterie, l’esprit préoccupé mais il ne savait pas trop pourquoi. Jusqu’à ce qu’il reçut son appel. Reconnaissant le numéro, il décrocha rapidement, curieux de voir ce qu’elle voulait, mais en l’entendant sangloter, aussitôt son sang se figea.

- Eli ? que se passe-t-il ?
- c’est mon père, il..
- il quoi ?
- il est parti..
- parti ? comment ça ?
- en Europe. Pour son boulot..

Colin se tut un instant, fronçant les sourcils. Il l’entendit encore sangloter, et se sentit terriblement frustré de ne pas pouvoir être auprès d’elle pour la consoler. Au lieu de quoi, il dit platement :

- je suis désolé… si je peux faire quoique ce soit… Chris est là ?
- oui, j’ai juste renvoyé le personnel de maison..
- tu es seule ? .. et tes amis ?
- ils sont tous parti dans leur famille… je suis la seule… la seule à .. à ne plus avoir de famille.
- ne dis pas ça..
- c’est pourtant la vérité.. je.. désolée de t’ennuyer avec ça.. passe un bon Noël..

Et elle raccrocha, laissant un Colin assommé. Comment Kurt avait pu laisser sa fille seule pour les fêtes ? Il comprenait dans ce cas, pourquoi elle se comportait en véritable enfant gâtée, ce n’était qu’un juste retour des choses. Il n’y avait donc personne pour s’occuper d’elle..

- Colin ? tu en fais une tête, que se passe-t-il ?

Il émergea seulement de ses pensées pour se tourner vers sa sœur.

- c’est compliqué..
- et alors ? on est pas assez intelligent pour comprendre tu crois ? Allez raconte !
- c’est Eli.. Elisha, la fille de mon boss. Elle n’a que lui en fait, et là il vient de la laisser pour partir en voyage pour l’Europe.
- oh mon dieu, pauvre petite !!
- Et bien tu parles de parents ! C’est donc toi qui es chargé de veiller sur elle ?

Colin dévisagea sa sœur qui le regardait avec un sourire énigmatique.

- mon fils, qu’attends-tu pour aller la chercher ?
- quoi ??

Il regarda sa mère qui s’était approchée à son tour. Toutes deux le dévisageaient avec des airs entendus.

- tu ne vas quand même pas la laisser seule chez elle !!
- Mais maman !
- Allez, je veux que tu nous ramènes cette pauvre petite. C’est une honte de laisser une enfant seule chez elle, sans sa famille pour passer les fêtes. Alors puisque c’est comme ça, elle les passera avec nous !
- mais maman !!
- pas de discussion ! Tu es chargé de veiller sur elle non ?
- oui..
- Hey Colin, grouille, j’t’emmène.. avec un peu de chance, un vol allez-retour, vous devriez être revenus dans la soirée.

Colin stupéfait de voir sa famille réagir de la sorte, enfin pas vraiment, sortit brusquement de sa torpeur. Ils avaient raison, elle était sous sa protection, c’était à lui de veiller sur elle. Il se redressa et partit chercher sa veste, il faisait plutôt froid ici, et avec la neige qui était tombée ces derniers jours, la veste ne serait pas de trop. Il se retourna une dernière fois, hésitant..

- Je devrais peut-être l’appeler…
- tu l’appelleras de l’aéroport ! File !

( ensuite à la propriété Tanner)

39. ( avant à l'aéroport)

Elisha comprit parfaitement son message, enfin si c'était bien un message qu'il lui faisait passer. Elle était la fille du patron, et lui son employé, son garde du corps et il était venu la chercher pour qu'elle ne reste pas seule. Alors oui, Elisha était un peu déçue, même si après la façon dont ils s'étaient retrouvés, il ne pouvait plus nier qu'entre eux, ce n'était plus quelque chose de professionnel. Qu'à présent, c'était bien plus que ça, mais allait-il le reconnaître? Surtout face à sa famille.. Elle ne pouvait que se résoudre à jouer les filles de bonne famille, si c'était ce qu'il attendait d'elle. Ou du moins essayer..
Mais vienrait bien un moment, où il lui faudrait reconnaitre la vérité...c'était si évident..
Elisha posa à nouveau sa tête contre son épaule, et s'ennivra de son parfum en fermant les yeux, profitant de ces derniers instants de pure complicité...

L'avion atterrit donc peu après, puis ils prirent le taxi qui les emmena vers Evergreen Park. Colin avait eu raison de lui dire qu'ici il faisait froid, il faisait même très froid, et la jeune femme s'emmitouffla dans une veste qu'elle avait embarqué à la dernière minute..
Arrivés devant la demeure des Prescotts, le taxi freina et après l'avoir payé, Colin vint prendre la valise d'Elisha qui observait la façade de la grande maison.. Une de ces maisons familiales comme on en voyait dans toutes les séries, chaleureuse, et si joliment décorée pour les fêtes.

Colin la tira de ses pensées, en posant une main dans son dos...

- viens.. il est temps que je te présente à cette bande de fou..

Eli rit de cette gentille moquerie et le suivit dans l'allée qui menait à la porte sous le porche..Soudain deux gosses dévalèrent en hurlant et vinrent se jeter dans les bras de Tonton Colin? Elisha dissimula son rire derrière sa main, tandis que Colin essayait de faire face à cette attaque de petits diables.

- Oh là doucement! Je ne suis pas parti depuis si longtemps, bande de morveux !!!

Elisha le regarda faire semblant de se batailler avec eux, et se demanda comment il pouvait être si différent quand il était avec elle. Soudain il croisa son regard et eut un sourire gêné. Mais pas le temps de parler que le reste de la famille surgit à son tour, la mère, la grande soeur et le jeune frère..

- Aahh tu es là!! JUste à temps pour le repas!!
- Salut grand frère! Alors bien voyagé?
- hey voici donc ta petite protégée? Bonsoir! Je suis Marly sa soeur.. enchantée...
- oh bonsoir.. moi c'est Elisha...enchantée aussi. et ... et merci pour m'inviter chez vous pour Noël...
- Oh mais regardez moi comment elle est adorable! Allez viens ma petite, tu vas finir par t'enrhumer à rester dehors... Je suis bien contente que mon fils soit venu te chercher..

Héléna adressa un sourire complice à Colin et tous la suivirent à l'intérieur dans un joyeux brouhaha de commentaires et questions en tout genre à l'intention de leur invitée si charmante..

44.

- Venez Elisha, nous allons mettre la dernière touche au repas.

Hélèna entraîna Elisha à sa suite, accompagnée de Marly qui adressa un clin d’œil à Colin avant de les suivre à son tour dans la cuisine. Ce dernier passa la main dans ses cheveux, comme il le faisait si souvent quand il était nerveux. Il posa la valise d’Elisha à l’entrée. Il verrait plus tard où sa mère avait décidé de la faire dormir, même si pour sa part, il avait bien une idée.. Une idée impossible bien sûr, face à sa famille, elle ne serait que sa cliente, c’était tout, il n’y aurait rien d’autre. Il n’y aurait jamais du avoir autre chose, mais il n’avait pas su empêcher cette indéniable attirance. Il la désirait tant que ça en devenait douloureux. Mais il tiendrait oui, il tiendrait pour sauver les apparences, et sauver son boulot. Il en avait besoin de ce putain de boulot.. Quelle situation merdique..

- Et bien frangin, t’avais oublié de nous dire qu’elle était canon, ta p’tite protégée..

Colin se tourna vers Brian qui prenait ses aises sur le large divan, et le dévisageait avec un air goguenard.

- mouais, elle est bien foutue, mais c’est qu’une gamine, et une gamine capricieuse qui plus est.
- ptêtre oui.. elle m’a paru bien sympathique en tout cas.. chouette fille, et puis elle n’est pas trop jeune pour moi..

Brian affronta le regard de son frère, sourire provocateur, les yeux brillant de malice. Colin tomba droit dans le piège, réagissant au quart de tour, comme à son habitude :

- T’avise pas de lui tourner au tour ! Elle n’est pas pour toi !
- héhé… je vois, tu veux te la garder pour toi tout seul !

Colin s’énerva :

- déconne pas Brian, je bosse pour son père, elle est sous ma protection, c’est tout !
- hey t’énerve pas, je rigolais..
- Alors qu’est-ce qui se passe les garçons, on se dispute encore ?

Colin se redressa en voyant sa mère suivie d’Elisha et de sa sœur faire interruption dans le salon. Son regard croisa celui d’Elisha qui lui sourit.

- Non c’était juste une discussion entre frangins.
- Bon allez Colin, reste pas planté là, tout est prêt !
- oui, il est temps de passer à table !! enchérit sa mère. Tenez mon petit, mettez vous là, à côté de Colin.

Et dans un joyeux brouhaha la famille s’installa, échangeant des coups d’œil complices, face à leur charmante invitée.

40.

Le repas était excellent et Elisha passait vraiment une soirée agréable. La famille de Colin se montrait adorable avec elle, et Elisha riait devant les plaisanteries qu’échangeaient frères et sœur. Plus encore quand Hélèna se mit à raconter des souvenirs de la jeunesse de Colin au grand dam de ce dernier qui eut beau protester, mais rien ne pouvait freiner le plaisir de sa mère à raconter ses aventures, devant les airs hilares de Brian et de Marly. La bonne humeur était au beau fixe, et Elisha oublia très vite les moments de solitude qui avaient été les siens à Heaven Island. Et puis elle se tenait à côté de l’homme qui avait changé sa vie. A présent, elle le savait, rien ne serait plus jamais comme avant…

Elle échangea un regard de plus avec Colin qui lui sourit à son tour. Le sourire lui allait tellement bien et il paraissait se détendre enfin avec sa famille. Oublié le Colin bougon et renfermé qu’elle avait connu il y avait quelques mois. Il semblait transformé ou alors, c’était la façon de le voir d’Elisha qui avait changé, elle ne savait plus trop, mis à part qu’elle l’aimait éperdument…

- Elisha ?... Elisha ??

Elle réalisa soudain que Marly lui parlait.

- oui ?
- tu paraissais bien songeuse..
- ah euh oui… je tiens à vous remercier pour cette invitation. Vous n’étiez pas obligé et..
- tt ttt.. allons, tu n’as pas à nous remercier. C’est tout naturel, et de plus tu es une charmante jeune femme, Elisha, Colin a bien de la chance de.. euh..

La mère de Colin marqua une hésitation et poursuivit :

- ..de travailler pour ton père.

Elisha vit à ce moment, Brian et Marly qui se retenaient de ne pas éclater de rire. Elle fronça les sourcils et chercha le regard de Colin qui soupira. Il s’efforça ensuite de détourner la question vers un autre sujet. Mais personne n’était dupe ..
Le repas terminé, ils se retirèrent tous au salon pour boire quelques liqueurs devant le sapin décoré, et échanger de nouvelles plaisanteries.
Elisha assise dans le fauteuil auprès de Colin, se sentait merveilleusement bien, et peu à peu s’était laissée aller contre lui, goûtant au plaisir de ce simple contact.

- bon je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, je vais aller me coucher je suis épuisée !
- oh Maman, moi aussi, quelle journée.. Colin et Brian, vous m’aideriez à aller coucher ces petits lascars ?

Elisha regarda les deux garçons qui s’étaient endormi sur le tapis moelleux devant la cheminée et regarda Colin et Brian se lever pour les emporter dans une des chambres de la maison. Elle se leva à son tour et Hélèna ajouta :

- Tu peux rester encore un peu Elisha si tu veux. Colin te montrera sa chambre, lui partagera la sienne avec Brian.
- bien.. merci !
- je t’en prie ma petite.. bonne nuit ! On se retrouve demain matin pour ouvrir tous ces paquets, ajouta Hélèna dans un petit rire devant l’amoncellement de cadeaux qu’il y avait sous l’arbre. Puis elle embrassa Elisha sur la joue et se retira suivie de Marly qui lui fit la bise elle aussi.

Elisha se retrouva bientôt seule dans le salon, devant le feu de la cheminée qui brûlait ses dernières flammes. Elle songea soudain au cadeau qu’elle avait emporté avant de quitter la villa et se précipita vers ses affaires restées dans le couloir, puis ramena sous le sapin, un carton soigneusement emballé, qui ne portait aucune étiquette. Elle froissa le sac en plastique dans lequel, elle l’avait transporté et à ce moment elle l’entendit dans son dos.

- Elisha ?
- Oui ?

Elle fit volte-face pour se retrouver pratiquement dans ses bras, et instinctivement, posa ses mains sur son torse, pour croiser son regard qui la troubla infiniment. Elisha tendit ses lèvres vers lui, mais soudain il la repoussa, lui arrachant un cri de surprise.

- hum… euh désolé, je euh en fait je voulais te dire Colin, que je vais juste voir un pote, je rentrerai un peu plus tard.. Maman a préparé l’autre lit dans ma chambre, pour laisser la tienne à Elisha mais euh, je crois qu’elle s’est fatiguée pour rien..

Et dans un gloussement de rire étouffé, Brian s’éclipsa rapidement hors de la maison, laissant derrière lui, un Colin très contrarié, et une Elisha qui avait pris quelques couleurs quand elle avait compris la raison du geste de Colin.

- Je suis désolée..
- ce n’est pas grave..

Mais l’expression de Colin disait tout le contraire.

- Je crois que nous ferions mieux nous aussi d’aller nous coucher..
- oh..oui.. bien sûr..
- je vais te montrer où se trouve ma chambre..

Elisha hocha la tête, en le voyant aller chercher ses affaires, et sans un mot, elle le suivit dans les escaliers. Mais nul n’aurait pu ignorer à cet instant, l’expression déçue qu’elle affichait.

45.

Il la guida comme prévu, jusqu’à sa chambre, mâchoire crispée, regard évitant de croiser le sien, et même de s’égarer sur son corps. Il réalisa soudain que c’était exactement ce qu’il était en train de faire. Pire, il songeait à lui retirer ses vêtements et..

- Voilà ma chambre, tu peux t’y installer à ta guise.

Colin déposa les affaires de la jeune femme sur le lit, se détournant un instant d’elle.

- Oh c’est toi ?

Il se redressa et la regarda figée devant une photo de classe qu’il avait piqué au mur. Il fit une grimace, passant la main dans ses cheveux comme à chaque fois qu’il se sentait nerveux.

- ouais, pas fameux je sais.
- si.. tu étais très mignon.. tu devais avoir du succès auprès des filles.

Elle le taquinait ? Elisha lui souriait en tout cas. Il marmonna.

- non, pas tant que ça.. ça devait être du à mon caractère.
- hmm.. pas évident, c’est vrai.

Il haussa un sourcil étonné, elle éclata de rire en se rapprochant dangereusement de lui.

- il faut apprendre à apprivoiser l’ours qui gronde.. mais, je préfère quand à moi, le lion qui sommeille en toi.
- Eli..
- hmm ?

Elle s’appuyait contre lui à présent, et il sentait les mèches de ses cheveux lui chatouiller le visage. Elle redressa alors son visage, bouche entrouverte, et ce petit sourire à damner un saint. Le désir fut aussitôt douloureux.

- s’il te plait, je suis sensé être ton garde du corps et.. ma mère et ma sœur sont juste à côté.

Il la regarda se mordre la lèvre, et il sentit qu’il ne pourrait pas résister, pas cette fois.

- justement, murmura-t-elle encore plus proche..garde-moi tout contre ton corps..
- Eli, tenta-t-il encore de protester mais elle lui tendit ses lèvres, si douces, elle si désirable, ça faisait si longtemps qu’il se retenait.

Dans un élan soudain, il l’embrassa avec une voracité sans égal, laissant enfin ses envies se déchaîner. Et Elisha s’accrocha à lui pour ne pas tomber. Elle n’aurait pu tomber, il la tenait bien trop étroitement serrée contre lui. Elle le rendait fou, et il savait qu’à présent, il ne pourrait plus s’arrêter..
Sa bouche dévora la sienne, sa langue s’emmêla à la sienne, électrisé par son souffle et ses soupirs. Ses mains remontèrent sous le pull, caressèrent la chute des reins, soulevèrent ses fesses, trouvèrent la ceinture du jeans, et la défirent rapidement.
Plus le temps de prendre le temps, il se laissait porter par cette frénésie qui les avait saisit tous les deux. Une main vint englober un sein, effleurer la pointe qui se dressait sous le contact, à travers la délicate dentelle.
Le pullover fut retiré par-dessus sa tête, et juste après, il la souleva pour l’assoir sur son vieux bureau. Elle était délicieuse avec son jeans ouvert, laissant apparaitre le haut d’un string blanc, et le soutien gorge qui retenait prisonnier, une poitrine qui ne demandait qu’à être libérée.

Colin retint sa fougue, l’espace d’un instant, le temps de se plonger dans ces yeux qui l’avaient envoûté, le temps d’admirer ces courbes qui l’attiraient comme un aimant. Puis il cueillit à nouveau cette bouche si douce et chaude, ses mains partant dans le dos d’Elisha pour défaire son soutien-gorge. Celui-ci tomba lentement sur le sol, et Colin admira les seins arrogants à la pointe rose, avant de s’y laisser tomber, la bouche s’emparant d’un des deux seins, les mordant, lui arrachant des petits gémissements qui le firent se sentir encore plus à l’étroit.

41.

Elisha se tendit contre lui, ses mains accrochées à son cou, son corps s’enflammant sous ses caresses. Enfin, enfin il laissait tomber son armure de garde du corps, enfin il s’abandonnait à son désir, si ce n’était à ses sentiments. Elle le voulait si fort, si intensément qu’il ne pouvait l’abandonner à présent. Il était venu la chercher jusqu’à Heaven Island, et là, ils étaient ensembles, l’un contre l’autre, ses mains courant sur son corps, ses baisers qui traçaient des sillons de feu sur sa peau.

Prise dans le même tourbillon de folie, Elisha s’attaqua à la boucle de sa ceinture, en poussant une petite plainte impatiente. Elle défit l’attache de son jean, et laissa sa main se glisser dans le sous vêtement tendu, ravie du gémissement qu’elle provoqua, happant sa bouche, pour un nouveau baiser fiévreux. Il lui retira alors son jean, fit suivre délicatement le même chemin au petit string qu’elle portait et s’attarda longuement entre ses cuisses, dévorant de baisers la chair tendre et douce, l’intimité ainsi offerte, jusqu’à lui arracher des gémissements de plus en plus longs, jusqu’à ne plus tenir lui-même.

Elle plongea ses yeux brillant du même désir dans les siens quand il se redressa, et l’attira contre elle. Colin souleva délicatement sa jambe contre lui et d’un seul et lent coup de rein, mit fin à cette terrible attente. Elisha ne retint plus ses cris de plaisirs, et se laissa emporter par les vagues de plaisir qui montèrent crescendo au fil des allées et venues de Colin, à mesure qu’il accélérait la cadence, soufflant de plus en plus vite, râles de mâle qui emmenèrent plus rapidement Elisha vers les sommets, vers cette explosion inouïe des sens, vers un orgasme si puissant qu’elle resta longtemps vibrante, la tête appuyée contre lui, lui qui la serra plus fort encore dans ses bras.

46.

Le sang pulsait encore avec violence dans ses tempes. Grisé de plaisir, mais toujours affamé d’elle, Colin n’allait pas s’en tenir là. Il regrettait d’avoir cédé à ses pulsions brutales, d’avoir si vite cédé au plaisir et de n’avoir pas pris le temps de l’aimer, comme elle le méritait. Mais ils avaient la nuit pour se rattraper et Colin sut que son frère avait eu raison. Le lit de son ancienne chambre, serait bien assez grand pour lui et pour Elisha.

- oh Elisha..

Il murmura son nom, sa bouche contre ses cheveux, ses mains caressant encore ce corps vibrant de la passion qu’ils venaient de connaître. Grisé, oui, elle l’avait transporté par ses soupires et ses cris, elle l’avait transformé en amant éperdu, le temps de quelques étreintes..
Il cessa de l’embrasser, pour saisir délicatement son visage dans sa paume, et il lui sourit. Il voulut lui dire ce qu’il ressentait, mais elle le fit taire d’un nouveau baiser, et il oublia très vite les mots pour les remplacer par des actes.

La soulevant, ses cuisses enroulées autour de sa taille, il la porta jusqu’à son lit, où il l’y déposa en douceur, avant de recommencer à déguster ses lèvres, doux baisers qui s’éparpillèrent sur tout son corps, caresses de ses doigts qui découvraient ou redécouvraient ce corps aux formes si sensuelles, tandis qu’elle soupirait d’aise, allongée sur le lit, cheveux en corolle, si belle, si désirable.
Il lui fit alors comprendre qu’il ne la laissera pas encore se reposer, sa faim d’elle n’était pas assouvie..

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