LAS VEGAS

Ambiance ...

Installée dans le fauteuil de son père, Prudence avait toutes les peines du monde à retenir les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. Cela faisait maintenant près d’une semaine que l’enterrement avait eu lieu et elle avait encore du mal à croire qu’elle ne reverrait plus jamais son père ….

La nouvelle de son décès si brutal lui avait causé un choc si violent que les médecins avaient eu peur pour sa santé et celle de son bébé. Tétanisée, incapable de penser, il avait fallu le soutien d’Angelo et surtout celui d’Olivier pour qu’elle refasse surface et redresse la tête.

De toute façons, elle n’avait pas eu le choix … Les affaires étaient les affaires et malgré sa mort, l’empire de John Black se devait de continuer à vivre… et elle aussi …

Poussant un gros soupir, la jeune femme se leva lentement et posa une main sur son ventre qui s’arrondissait de jour en jour…

Tout va bien mon bonhomme, maman est là …

Elle avait prit l’habitude de parler à son bébé à voix haute comme pour le rassurer et se rassurer elle-même. Dans sa vie mouvementée, il était bien le seul point positif et elle ne regrettait pas une seule seconde son choix de le garder …

S’approchant de la baie vitrée, Prudence laissa son regard se perdre dans la nuit. Au dessous d’elle, les lumières de Las Vegas scintillaient tel des joyaux et les gens continuaient à vivre leurs vie, insouciants, heureux …. Alors qu’elle … Elle serra les dents quand le visage d’Ahmon se matérialisa une nouvelle fois devant ses yeux. Dans son chagrin, elle avait follement espérer qu’il viendrait mais visiblement, il avait déjà tiré un trait sur leur histoire …. Sur leur fils ...

Un coup à la porte la tira de ses pensées et elle eu un sourire pour l’arrivant.

Bonjour Andrew …
Bonjour mon enfant ... Est-ce que tu permets qu’un vieil homme te prenne dans ses bras ?
Bien sur …

S’avançant vers le plus vieil ami de son père, Prudence se laissa aller à cette accolade réconfortante et déposa un petit baiser sur la joue parcheminé d’Andrew.

Merci d’être là...
Comme si j’avais put être ailleurs en un tel moment…

S’installant à nouveau dans le fauteuil de son père, la jeune femme invita Andrew à prendre place à son tour et croisa les doigts sous son menton. Dans son regard, la peine avait vite était remplacée par un autre sentiment, la colère ….
Quand elle avait appris la cause du décès de son père, elle avait eu du mal à y croire et elle était bien décidée à savoir toute la vérité même si elle savait d’avance qu’elle risquait de faire face à un mur de silence et d'hostilité.

Tu as ce que je t’ai demandé ?
Oui oui … Aucuns doutes, tu es bien la fille de ton père !!!
Les chiens ne font pas des chats …

Avec un sourire, le vieil homme tendit un dossier à Prudence qui sans perdre de temps, le parcourus avidement. A la fin de sa lecture, le visage de la jeune femme était aussi dur et froid que la pierre …

C’est bien ce que je pensais …
Tu connaissais ton père mieux que quiconque et sa phobie des maladies … Et comme je suis … J’étais son docteur personnel, cette histoire de crise cardiaque m’a quelque peu … Étonné …
A ton avis, comment ont-ils fait et qui ?
Ca mon enfant, c’est à toi de le découvrir mais tu sais que ton père s’était fait pas mal d’ennemis au fil des années …. Plusieurs se réjouissent d’ailleurs de sa mort.
Oui je m’en doute un peu …..
Que comptes-tu faire ?

Prudence referma le dossier médical de son père avec un soupir et joua avec le coupe papier posé sur le bureau.

Franchement, je n’en sais rien pour le moment … Toi et moi sommes les seuls à croire que la mort de papa est autre chose qu’une mort naturelle mais je n’ai bien sur aucunes preuve...
Si tu as besoin de moi n’hésite pas …
Merci Andrew.
Bien, je vais te laisser, j’ai encore des patients à voir. A bientôt ma belle.

Il était à peine sortit que déjà le bruit de l’interphone résonnait dans la pièce. Prudence leva les yeux au ciel et soupira.

Oui ?
Monsieur Pimberton est là.
Bien faites le entrer.

Se recomposant un visage de femme d’affaire, Prudence regarda l’homme chargé des affaires de son père faire son entrée. Petit, chauve et ventripotent, Hercule Pimberton était un notaire réputé à Las Vegas, gérant d’une main de maitre les affaires de ses clients.
L’homme se débarrassa promptement de sa serviette sur l’undes fauteuils et s’avança vers elle la main tendue.

Bonjour Mademoiselle Black, toutes mes condoléances.
Merci Monsieur Pimberton.
Désolé de faire votre connaissance en de telles circonstances…

Prudence eu un pauvre sourire et regarda le notaire s’asseoir en face d’elle et ouvrir sa serviette pour en retirer un épais dossier.

Bien nous n’allons pas perdre plus de temps et passer à la lecture du testament. Etant l’unique héritière de John, je pense que vous ne serais surement pas surprise du contenu dudit testament.

S’éclaircissant la voix, il commença lentement la lecture…

« Moi, John Black, sain de corps et d’esprit, déclare par la présente léguer tout mon patrimoine à mon unique enfant, Prudence Black mais sous une seule condition. »

Le notaire s’arrêta de lire et leva un regard gêné vers Prudence qui n’avait pas fait le moindre geste malgré sa surprise.

Heu … J’ignorais que … Enfin ce n’est pas la version que je connais. Il à dut en faire un autre avec mon associé durant mon absence et …
Continuez à lire monsieur Pimberton. Je suis curieuse de connaitre cette condition même si je me doute de ce dont il s’agit ….
Oui … Bon … Hum…

« Je veux qu’elle se débarrasse au plus vite de son batard dans les trois mois qui suivre l’ouverture de ce testament.

Si cette clause venait à ne pas être respectée, maitre Pimberton suivra à la lettre les instructions connues de lui seul.

Ceci est ma volonté et je veux qu’elle soit respectée … »

Un silence pesant s’installa à la fin de la lecture et le notaire, en attente d’une réaction violente de la part de la jeune femme, n’osait pas lever les yeux.

Il y a encore quelques semaines, il est vrai qu’une telle manœuvre aurait surement déclenché chez Prudence une tempête de rage et de violence mais à cet instant ce n’était absolument pas ce qu’elle ressentait …

Non ce qu’elle éprouvait pour son père était plus de la pitié qu'autre chose … Essayer même par delà la mort de la faire céder à sa volonté était digne d’un pauvre type bien loin de l’image qu’elle avait toujours eu de son géniteur …

Un lent sourire étira alors la bouche de la jeune femme et cela détendit quelque peu le notaire resté comme paralysé sur sa chaise.

Vous le prenez plutôt bien… Vous voulez lancer une action de contestation ?
Ho non !!! Ce testament est tout à fait valide.
Mais …. Vous êtes sur ? Je sais que c’est un sujet sensible mais après ces trois mois, il n’y aura plus de retour en arrière possible … Tout sera vendu.
J’en suis certaine !!! Les parts que ma mère m’a laissé suffisent largement à me faire vivre alors allez y. Vous souhaiterez juste bonne chance au nouvel acquéreur de ma part, il risque d’en avoir besoin !!!
Bien mademoiselle Black mais si la situation venait à changer dans les trois mois qui viennent, je vous demanderez de bien vouloir m’en informer pour que je puisse prendre les mesures nécessaires.
Bien entendu. Au revoir monsieur Pimberton.

Quand il fut parti, l’arrivée d’Olivier suivit d’Angelo fut pour la jeune femme une véritable bouffée d’oxygène dans cette journée qui s’avérait épuisante.

Tout va bien ?

La jeune femme eu un petit rire sans joie.

Pourquoi voudrais-tu que cela n’aille pas ? Je suis une future mère célibataire, mon père vient de mourir et je viens d’être déshérité… A part ces légers désagréments, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !!!
Je suis désolé …

Olivier s’approcha de la jeune femme et la prit dans ses bras. Elle se laissa faire et savoura en fermant les yeux le contact de son corps d'homme contre le sien. Elle était peut être enceinte mais n'en rester pas moins une femme avec des envies et des désirs ...

Je venais t’avertir que la voiture t’attend en bas pour t’emmener à l’aéroport.
Très bien merci.

Prudence s’écarta d’Olivier et alla récupérer son manteau posé sur l’un des fauteuils. Les docteurs lui avait conseillé de prendre du repos dans un endroit calme et ensoleillé, c'est pourquoi elle partait pour Eden Island....

Sans regret, elle quitta donc le bureau de son père et entourée de son garde du corps et de son bras droit s'engouffra dans l'ascenseur.

Il était temps pour elle d'aller de l'avant ...

Dans le jet qui les ramenait à Heaven, le jeune homme adossé à la cloison, les bras croisés regardait Prudence perdue dans ses pensées. Un sourire en coin sur le visage et un éclair malicieux dans le regard.

- Toujours en train de vous lamenter ?

La surprise se fit sur le visage de la future maman, avant qu’elle ne retrouve sa dignité et la cache sous un masque d'impassibilité.

- Vous avez les dossiers que je vous ais demandé ?

Il s’avança, nonchalant, les documents à la main, d’une démarche féline. La chemise qu’il portait dévoilait plus qu’elle ne cachait les muscles roulants aux moindres de ses mouvements.

- Vous devriez peut-être vous débarrasser du bébé tant qu’il en est encore temps…

Une étincelle d’incrédulité et de stupeur alluma dans les yeux de Prue un véritable foyer de colère, un incendie qui se propageait, colorant ses joues en rouge.

Il se pencha par-dessus le bureau et lui chuchota à l’oreille :

- Bien, enfin une réaction…

Une autre réaction, fut la gifle mémorable qu’elle s’apprêtait à lui coller. Mais il se saisit de sa main en plein vol et lui fit un baise main avant de se redresser, un rire contenu qui ne se voyait que dans ses prunelles moqueuses et son sourire sardonique. Il était temps de reprendre en main la jeune femme…