Voyage d'affaire de Mr Blake

Vient de…

Ambiance…

20h35 Sur le Rocher monégasque…Casino de Monte Carlo.

Tony s’extirpe de la limousine qui vient de le déposer devant le Casino, monte les marches rapidement, une mallette à la main. Dans son complet blanc, il ne passe pas inaperçu, mais le portier le laisse passé sans encombre. Il a bien étudié le schéma de l’établissement et sait très précisément là où il doit se rendre. Les dernières heures ont été très instructives, depuis qu’il s’est posé à l’aéroport international de Nice, prit en charge par les gars de l’Agence en place sur le territoire français. Il traverse le hall d’un pas rapide, bifurque sur sa droite avant d’entamer l’ascension d’un escalier monumentale. A l’étage, il file dans un couloir. Des portes en bois massif, des numéros sur plaque en bronze brossé. Au 23, il stoppe. Du poing, il tape trois coups rapides et secs. Sans se faire attendre, la porte s’ouvre sur un salon privé agencé avec soin. Une table de jeu trône au milieu. La dizaine de joueurs le regardent à travers la fumée que dégage leur cigare. Dans l’ombre de la pièce, il distingue l’armée d’hommes de mains que chaque convive à amener avec lui. Ils possèdent tous un masque patibulaire… à coup sûr, ce n’est pas des tendres. Sont là plus pour impressionner leur hôtesse, mais celle-ci ne semble pas émue. Président la tablée, elle se lève avec une retenue non feinte et vient à sa rencontre dans une robe fourreau noire à très large échancrure, dévoilant la naissance de sa poitrine ferme.

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Elle tend une main vers le nouveau venu, une flamme dans le regard. Tony prend le temps d’admirer le corps de rêve qui se présente devant lui, puis s’incline légèrement en un baisemain de circonstance.

-Mlle Van Becket…

-Mr Blake, c’est un honneur de vous recevoir…

-Tout l’honneur est pour moi, Mademoiselle.

Elle s’écarte légèrement, proposant de la main de le suivre. A la table, le jeu a reprit.

-Désirez-vous nous rejoindre ?...ou préférez-vous que nous parlions affaire ?

Une lueur d’envie passe dans le regard sombre du grand black. Mais il sait qu’il aurait très peu de chance sans sa compagne.

-C’aurait été avec un immense plaisir…mais je crois que nous avons fort à faire, vous et moi…

La femme répond par une inclinaison de la tête. Suivant l’invitation de ses courbes à peine dissimulées par le tissu de la robe, Tony suit donc son hôtesse à travers la pièce avant de pénétrer dans le salon contigu. Un garde du corps referme la porte sur leur passage, les laissant s’installer à une table basse.

-Bourbon, c’est bien cela ?...

-Sans glace… Vous êtes bien renseignée, très chère.

-Le contraire serait dangereux, n’est-ce pas…

Tony incline la tête en signe d’assentiment, tendant sa main au verre présenté par le majordome. La jeune femme sirote déjà un Martini Blanco. Il trempe ses lèvres, mais ne boit pas. Le repose à l’angle de la table.

-Pouvons-nous voir le sujet de notre transaction, Mr Blake ?

-Certainement.

Il ouvre la mallette qui l’accompagne, dévoilant son contenu à la jeune femme. Un épais tapis de mousse noire encadre un écrin sombre. Les doigts fins et manucurés de Mlle Van Becket articulent le couvercle, dévoilant un gros diamant. La lumière ambiante est capturée par les facettes du caillou, relevant la flamme de convoitise qui brille dans le regard de la blonde. Mais elle prend le soin d’enfiler un gant de soie et de se munir d’une loupe de bijoutier. Puis elle se saisit du diamant et l’oscule sous tous ses angles.

-Travail remarquable, quelle pureté… Fait-elle dans une moue de connaisseuse.

-Je vous en remercie… Répond-il en inclinant la tête, un sourire de contentement non feint sur les lèvres.

La jeune femme semble avoir trouvé ce qu’elle cherche…mais le sourire de satisfaction s’efface rapidement. Reposant la loupe, elle le fusille du regard… mais sa voix ne trahit pas sa fureur.

-Il manque des informations, Mr Blake. Fait-elle en lui lançant le caillou.

Il le rattrape au vol, le tourne quelques instants entre ses doigts, même si il sait qu’il ne pourra pas lire les minuscules inscriptions gravées au laser au cœur de la pierre. Aucune surprise sur ses traits.

-Le reste en temps et en heure…

-Ne vous fichez pas de nous, Mr Blake, ce serait une grave erreur. La belle s’est levée de son fauteuil, l’index menaçant.

-Là n’est pas mon intention, seulement…

-Seulement ?

-Il se pourrait que certaines pièces de votre opération m’intéressent.

-Pour votre collection personnelle, je présume… Le ton c’est radouci.

-Vous n’êtes pas sans savoir que j’aime les œuvres d’Art.

-C’est vrai, mais ça n’explique pas comment nous obtiendrons les informations manquantes.

-Je les possède, là. Fait-il en indiquant son crâne. Cela implique le fait que je fasse équipe avec vous…

-Peut-être pourrions-nous en parler autour d’un repas ?...

Tony écarte les bras, affichant un sourire charmeur…

-Je suis tout à vous…

Ambiance…

21h45 Salle du Restaurant du Casino.

Malgré le nombre de convives, le serveur les a placés à une table pour deux, coté baie vitrée, leur préservant une certaine intimité, à la lueur des chandelles, avec comme vue, la baie inondée des lumières nocturnes. Le dîner fut excellent, un chef gastronome aux fourneaux, ça aide à apprécier la soirée…surtout avec la dangereuse créature qui lui fait face. Juste la partie visible de l’organisation qu’elle représente. Mais le charme de l’Agent semble avoir eut son petit effet sur la jeune femme…juste une pensée pour la personne qui lui sert de femme sur Heaven, pourquoi n’est-ce pas été aussi facilement qu’avec celle qui lui fait face ce soir ? Pourquoi a-t-elle réussie à lui faire perdre ses moyens.

Toujours est-il qu’elle ne cesse de le dévisager, caressant sa main à travers la table, délaissant le fondant au chocolat nappé de fruits rouges qu’elle a à peine touché. Elle joue à l’ingénue, la tête légèrement penchée sur le coté, jouant avec une mèche de ses cheveux de sa main libre, se mordant la lèvre inférieure.

-Le dessert ne vous convient pas ?

N’y tenant plus, elle se penche en avant, prenant appui sur le plateau de table, offrant une vue imprenable sur le gable de sa poitrine, une invitation…

-J’aimerai goûter à votre…chocolat. Lueur de convoitise qu’il a déjà vue.

Tony vide sa coupe de champagne, mais déjà Mlle Van Becket se saisit de sa main pour l’entraîner à travers l’immense salle de restaurant. Un dernier coup d’œil à la façade qui fait face au Casino…le bâtiment qu’ils viendront bientôt visiter…le palais princier.

Quelques minutes plus tard,…un peut plus haut, dans une suite.

La porte a peine est telle refermée sur eux, que Tony presse ses lèvres dans le cou de la jeune femme, ses mains caressant ses épaules. Elle répond à sa fougue, recherchant de ses lèvres avec avidité. Une main se pose déjà sur la fermeture de son pantalon. Elle semble pressée. Passant ses pouces sous le tissu de sa robe, il dégage ses épaules. Libérée, elle tombe au sol, ne laissant qu’un mince Tanga caché la nudité de Mlle Van Becket. Mais celle-ci ne semble pas outragée, bien au contraire. Elle s’accroupit pour le prendre en bouche, tandis qu’il s’appui contre le chambranle de la porte, les yeux fermés à l’ivresse qu’elle lui procure…

Beaucoup plus tard…toujours dans la suite de Mlle Van Becket.

Tony se perd dans la contemplation de la nuit sur la mer méditerranée, son ami dans son verre. Il pense à la Sherryl qu’il a laissé à l’autre bout du monde. Elle doit sûrement s’éveiller dans leur suite pour attaquer une nouvelle journée. Il espère seulement qu’elle s’en sort…mais connaissant le tempérament de la jeune femme, il n’a pas de doute à ce sujet. Il repense à la fraîcheur de ses baisers...rien n’avoir avec l’emportement de son rapport avec la blonde qui dort dans son dos. Non, rien avoir. Il en a rien retiré, juste jouer un rôle pour garantir une certaine confiance. Même, presque un goût fadasse que le Bourdon n’efface pas tout à fait.

Bon Dieu. Il ne savait pas qu’une blonde pouvait ronfler ainsi…elle lui couperait toute envie. Enfin, en ce forçant un peu...pour sauver les apparences, il serait encore capable. Mais l’envie n’est pas là. Juste le visage mutin d’une petite brunette qui lui vient en mémoire. Merde, alors qu’il en est éloigné, elle occupe son esprit…pourrait croire qu’il en est tombé amoureux. Il est temps d’aller prendre une douche…dans moins d’une heure… il sera sur le toit en face. Avec la blonde…enfin, si il ne la laisse pas ronfler toute la nuit.

Il vide son verre d’un trait avant de prendre la direction de la salle de bain.

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