Une naissance, une mort, une vie...

Ambiance


Hospital de Corée - 17 Avril 1982


- Mr Seo...

Le concerné était un homme de taille moyenne. Habillé d'un costume noir, il faisait les cents pas dans le couloir de l'hospital croisant ses mains dans le dos.

- Comment va-t-elle ?
- Votre fils va très bien. Il fait 2,7kg pour 46cm.
- Et ma femme ?! s'impatienta-t-il.
- Elle est... décédée... Je suis désolé...

Sous la colère, il attrappa le médecin par le col et le fusilla du regard.

- Vous avez laissé mourrir ma femme ?!
- Au contraire, nous avons fait tout notre possible mais... votre femme était très malade vous savez...

Un gémissement se fit entendre. Un enfant pleurait. Il avait faim, il avait froid, il venait de découvrir le monde extérieur...
Une infirmière arriva. Elle tenait le petit bout dans ses bras. Huun-Soo Seo lâcha le médecin. Son visage changea légèrement, passant de la colère à la tendresse. Il prit l'enfant que l'infirmière lui tendit et le berça doucement.

- Chhh... Papa est là Jung-woo...

Il avait promis à sa femme qu'il s'appellerai ainsi et c'est ce qu'il fit. Le nourrisson, quant à lui s'était calmé et commença même à sourire.
Une nouvelle vie venait de commencer tandis qu'une autre s'était éteinte...

Ambiance






Huun-Soo revenait de la petite île de Jeju où certaines affaires l'avaient mené. Il avait laissé son fils à sa mère mais il savait pertinemment qu'il devait trouver rapidement quelqu'un pour s'occuper du petit...

- Marie-toi ! Il y a des femmes de bonnes familles qui n'attendent que ça Huun-Soo !
- Tu sais très bien que je ne le ferai pas ! Min était et sera la seule !

Il était très famille, respectait ses parents mais dès qu'il s'agissait de sa défeinte épouse, il ne transigeait pas !
C'est lors de sa sortie d'avion qu'il la vit. Elle était là, seule et désespérée. Elle était lâsse et semblait complètement dépitée. Elle parlait dans une langue dont il ignorait tout mais à la façon qu'elle avait de bouger, il se doutait bien que c'était des jurons...
Il fit à ses gardes du corps de rester à distance et s'approcha de la jeune femme.

- Vous avez un problème ? demanda-t-il en anglais.
- Quelqu'un qui parle en anglais !!! Merci mon Dieu ! Oui, je suis française. Je suis venue ici en vacance mais malheureusement, j'ai perdu toutes mes affaires... Et on m'a volé mon porte-feuille ! Pourriez-vous me dire où je peux aller porter plainte ? Pyeonseonghanda...

La jeune femme le regarda de ses yeux bleus espérant qu'il aurait compris. Elle n'avait pas du tout appris la langue. Elle aurait du le faire, certes mais bon, que voulez-vous... ?
Huun-Soo, quant à lui se demanda pourquoi elle cherchait la police. Certes il avait des notions en anglais mais n'étant pas un élève assidu et surtout ayant engagé un traducteur, il n'avait pas tout compris. Il lui souria pourtant et l'entraina avec lui vers sa limousine qui l'attendait.

Elle semblait perdue, elle était jolie et peut-être pourrait-elle prendre en charge Jung-woo. La barrière de la langue ne poserait pas problème et pour Huun-Soo, c'était une assurance...

Ambiance






La voiture filait tranquillement à travers la ville pour arriver sur les lieux d'habitation de Monsieur Seo.

- Mais qu'est-ce que je fais là... ? pensa Cecilia. Perdue, plus de bagages mais de là à suivre un inconnu...

Au bout d'une bonne vingtaine de minutes, la voiture s'arrêta devant une magnifique villa. La jeune femme n'en croyait pas ses yeux. Il devait être riche !!!

- Moi, pas coygirl ! Moi française !

Cecilia eut peur ; un homme riche qui l'emmenait comme ça, à coup sûr il devait penser que c'était une prostituée... Elle devait absolument se sortir de ce mauvais pas !
Huun-Soo, quant à lui, pressa la jeune française à le suivre. N'ayant pas trop le choix, elle le suivit à l'intérieur. Quelle merveille ! Cette villa était magnifique !
Un grand escalier en marbre, des tapisseries partout sur les murs, des grandes baies vitrées qui illuminaient les pièces...
L'homme lui montre un divan et lui propose de s'asseoir. Cécilia hésite, ne sait que faire... Mais pourquoi a-t-elle accepté de se faire conduire par un inconnu... ?
Un autre homme arrive, un coréen... Ils discutent tous les deux et la jeune femme se sent faiblir, vaciller...

- Yang-Il, interprête de Monsieur Seo ! dit le deuxième homme en se dirigeant vers la jeune femme les yeux brillants.
- Vous parlez français ? Vraiment ?! Merci mon Dieu !!

Elle attrapa la main de l'homme qui venait de se présenter et lui serra fortement. Je suis tellement heureuse... !

- Monsieur Seo est désolé de n'avoir rien dit mais, il ne parle pas français et son anglais n'est pas au meilleur niveau...
- Mais... comment avez-vous su que j'étais française ?
- Nous le savons, c'est tout !
- Oh...
- Trève de bavardage, si vous êtes ici c'est parce que nous avons quelque chose à vous demander...

Ambiance





Cette seule phrase suffit à la jeune française pour lui faire avoir des sueurs froides. Elle commençait à avoir peur, peur de cet homme, peur qu'il lui fâsse du mal si jamais elle refusait. Que faire ?

- Ah, dit-elle simplement et en quoi pourrais-je donc vous... aider... ?

Elle avait pris de l'assurance, espérant pouvoir leur montrer qu'elle n'avait pas peur alors qu'en fait...

- N'ayez crainte, rien qui ne pourrait vous nuire Mademoiselle... répondit-il en s'approchant d'elle.

Huun-Soo, quant à lui, restait debout, les bras croisés dans le dos, il la regardait intensément...

- Ah... très bien... et... que me voulez-vous... ?
- Et bien, comptez-vous rester parmi nous ?
- Comment ça ? Non, je compte rentrer chez moi... Enfin, dès que j'aurai récupéré mes affaires...
- Monsieur seo que voilà, voudrait vous proposer un emploi très bien payer.
- Pourquoi moi... ? Ce que je veux dire c'est que...
- Vous n'avez pas d'attaches ! Vous êtes seules, vous avez perdu vos affaires... Nous vous proposons de rester en notre compagnie.
- Je ne comprends rien, pensa-t-elle il veut que je travaille pour lui mais il ne ne me connait pas...
- Cécilia... Je peux vous appeler Cécilia ?
- Comment connaissez-vous mon nom ?
- Peu importe, nous vous donnons une chance de vous racheter aux yeux de tous, de devenir enfin quelqu'un...
- Et que devrais-je faire en échange... ?

Ces mots étaient sortis naturellement. Elle avait compris de quoi il parlait et jouer la sainte ni touche n'y ferait rien. Alors pourquoi faire semblant avec eux...

- Mon fils n'a plus de mère, occupez-vous en ! Faîtes-lui son éducation et vous serez blanchit !

Cécilia ne leva même pas un sourcil aux mots prononcés par Huun-Soo Seo. Malgré ce qu'avait dit le traducteur, elle se doutait bien qu'il comprenait un minimun, au moins pour vérifier les dires de son traducteurs...

- Très bien, conclut-elle, marché conclut !

Ambiance






- Jung-woo !! Jung-woo !!

Le petit garçon, alors âgé de 5 ans, s'était caché dans le bureau de son père. Il n'avait pas le droit d'y aller, et il le savait parfaitement mais la porte était ouverte alors il en avait profité.
Cécilia le cherchait partout et Jung-woo adorait ça... Elle était sa nourrice depuis qu'il était petit. Son père lui avait dit que sa mère était morte et que cette jeune femme était là pour l'aider. Il est vrai qu'à cette âge-là, il ne comprenait pas tout. Elle s'occupait de lui, le grondait quand il le fallait, le bordait, le promenait... Elle était comme une mère pour lui ! Mais voilà, il n'avait pas d'amis. Son père ne l'avait pas encore envoyé à l'école et c'est Cécilia qui s'occupait de ça.
A cet âge-là, on ne pose pas trop de question. De toute façon, il avait tout ce dont il rêvait alors...

La porte s'ouvrit, il crut d'abord que c'était la jeune femme mais ne reconnu pas ses mains. Mon dieu ! Il fallait se cacher ! Si son père le trouvait là... Mais où trouver une bonne cachette... ? Il se réfugia sous le bureau.
Deux personnes entrèrent dans le bureau, des chuchotements, de faibles chuchotements. A 5 ans il ne comprenait pas forcément tout, surtout les dialogues de son père et Cécilia, trop compliqués pour lui alors là...
Il se mit plus au fond du bureau et se baissa pour voir sous le faible espace qu'il y avait entre le sol et le bureau. Des pieds, des chaussures. Une paire de chaussure de filles - Cécilia en avait une comme ça - et des chuassures de sport, comme à la télé.
Les chuhcotements s'arrêtèrent. les gens ne bougeaient plus. Puis la porte s'ouvrit de nouveau et ils disparurent. Et avant que la porte ne se referme, il entendit un ricanement.

Jung-woo se leva et alla voir ce qu'avait fait les personnes. Il ne voyait rien enfin... il y avait une nouvelle satue que le garçon n'avait jamais vu. Comment le savait-il ? Il allait souvent dans le bureau de son père en cachette. Pour éviter Cécilia mais aussi parce qu'il s'y sentait en sécurité.
Il prit la statue et commença à jouer avec. C'était trop drôle !! En plus, elle faisait un bruit étrange. Jung-woo adorait !!!
Il sortit de la pièce et tomba nez à nez avec sa nourrice.

- C'est donc ici que tu te cachais... ? Ne sais-tu pas que tu n'as pas le droit d'y aller ?!
- Moi je n'ai pas le droit d'y aller mais les autres gens si... pffff vraiment, t'es pas drôle ! Et papa non plus !!!

Jung-woo faisait la moue, il boudait même. Mais que voulez-vous, quelle injustice pour un enfant de cet âge-là... La jeune femme, quant à elle, attrappa la "poupée" et la regarda avec un air suspicieux lorsqu'elle entendit ce bruit étrange.

- Où as-tu trouvé ça Jung-woo ?!
- Euh... tu promets de ne pas t'énerver... ?
- Jung-woo !
- Dans le bureau de papa...
- Merde !!!!


- Quoi ?! Vous avez trouvé quoi ?!
- Ne vous inquiétez pas c'est hors d'état de nuire !
- Là n'est pas la question ! Vous avez laissé Jung-woo sans surveillance et...
- C'est justement grâce à ça que nous l'avons trouvé sans ça, je ne donne pas cher de notre peau...
- Vous avez intérêt à redoubler de vigilence ! Quant à vous ! dit-il se tournant vers un de ses gardes du corps, vous avez intérêt à ce que cela n'arrive plus jamais !

Ambiance






Jung-woo s'était levé comme une furie ce matin-là. Son père lui avait promis une fête d'anniversaire et il espérait bien pouvoir en profiter. Il n'avait pas le droit d'aller dans la chambre de son père mais dans celle de Cécilia... Elle ne lui avait jamais interdit.
Il débarqua comme une furie dans la chambre de la jeune femme et commença à sauter sur le lit.

- Debout Cécilia !!! C'est aujourd'hui !!!
- Jung-woo... Laisse-moi dormir...
- Aujourd'hui, plus que les autres jours, tu dois t'occuper de moi !

Faisant mine de rien, la nourrice se retourna en prenant bien soin de remettre la couette sur son visage. malheureusement, le petit Seo était malin. Il s'arrêta de sauter sur le lit, s'avança doucement de la tête de la jeune femme et...

- DEBOUT !!!! cria-t-il dans les oreilles de la jeune femme tout en déplaçant la couette.

Cécilia n'eut pas le choix, elle s'assit, lança un regard mauvais vers le petit garçon et sans qu'il puisse faire quoique ce soit, l'attrapa et lui fit des châtouilles.



- Allo ? fit Cécilia en décrochant son téléphonne portable. Vous êtes sûr ? Mais... Non, je ne me le permettrai pas mais... Oui très bien. C'est entendu... Oui, je ferai de mon mieux. D'accord. Au revoir.
- C'était papa ? demanda Jung-woo le regard triste.
- ...
- Il ne sera pas là pour mon anniversaire... comme d'habitude...
- Tu sais comment c'est... commença doucement Cécilia en caressant ses cheveux.
- Une affaire importante... De toute façon depuis toujours c'est comme ça... Mais cette année...

Il baissa la tête regardant le sol tristement.

- Tu sais quoi ? Cette année va être différente ! On va s'amuser tous les deux !
- Oui, comme tous les ans...
- Non, cette année, je te réserve autre chose...

Ambiance






La nuit commençait à tomber. Cécilia et Jung-woo devaient rentrer mais ce dernier ne voulait pas. Il s'amusait tellement... !
La jeune femme avait réussi à berner les gardes du corps et avait emmené le petit Seo pour un anniversaire qu'il garderait dans sa mémoire. Il souriait vraiment, chose qu'il n'avait fait depuis longtemps. Cécilia était heureuse et tout ce temps passé avec lui... elle savait que ça allait s'arrêter dans deux ans. Alors que Jung-woo la tirait pour aller faire un tour de "train fantôme", Cécilia sentit son coeur se serrer. Elle était partie faire la touriste en Corée il y a huit ans, une touriste qui devait repérer les lieux en vérité... Malheureusement, elle avait perdu ses affaires et son numéro de touriste égaré n'avait pas échappé aux yeux de Huun-Soo Seo. Quelques minutes après, elle était dans sa propriété et il savait pour elle, ce qu'elle était...
Une voleuse de diamant, voilà ce qu'elle était... Une nourrice, voilà ce qu'elle était devenue. Et dans deux ans ? Qu'adviendrait-il d'elle ? Elle n'en avait pas encore discuté avec Mr. Seo...

- Veuillez nous suivre ! Votre escapade est terminée !

La jeune femme se retourna et fit face à deux gardes du corps de Huun-Soo. Ce dernier était un peu plus loin, lui jetant un regard froid et intransigeant. Jung-woo, lui, ne voulait pas partir mais en croisant le regard de son père, il dû se résigner.
Une fois à la villa, le petit Seo fut consigné dans sa chambre, quant à Cécilia...

- Qu'est-ce que c'est que ces enfantillages ? Voulez-vous que mon fils disparaissent ?
- Au contraire, je voulais qu'il soit un petit garçon comme les autres ! Il n'a pas d'amis ! Je suis la seule avec qui il peut jouer et...
- Ecoutez-moi bien, vous n'êtes que sa nourrice ! Vous n'avez pas de rôle à jouer dans son éducation ! Vous devez juste lui enseigner ce qu'il doit savoir ! Vous n'êtes pas là pour le sortir quand bon vous semble ! C'est clair ?!

MAlgré son caractère, Cécilia acquiesça. Cela ne servait à rien de se battre contre un homme qui avait tout. Elle savait bien que si elle continuait, il la gifflerait, même si ce n'était pas dans les moeurs... Il sortit du salon et se dirigea vers son bureau.

- Ne refaîtes plus jamais ça ! Vous n'êtes pas ici pour penser ! Au fait, donnez-lui ce chiot !

Le majordome arriva avec un petit chien dans les bras qu'il donna à la jeune femme. Huun-Soo disparut dans son bureau et Cécilia monta les escaliers en direction de la chambre de Jung-woo.

Il était face à elle, avec une arme... Tout alla très vite. Cécilia laissa tomber le chien. Elle se jetta vers le petit Seo pour lui enlever cette arme tout en lui demandant où il l'avait pris. ce dernier la tenait ardûment lui répondant que c'était le cadeau de son père, que, comme il n'avait rien eu, il s'était "servit". Deux secondes après, un bruit sourd se fit entendre.
Mr. Seo monta en trombe, suivit de ses gardes du corps. Sur le sol, Cécilia baignant dans son sang, une balle dans la tête. L'arme était sur le sol et le regard de Jung-woo perdu. Du sang avait giclé sur son visage, ses vêtements... Le petit chien s'était réfugié dans les bras de son futur maître.
Le jeune Seo ne comprenait rien, c'était un jouet, rien de plus alors... pourquoi était-elle allongée devant lui ? Une larme glissa sur sa joue. Il ne savait pas pourquoi... Celle qu'il adorait, celle qu'il considérait comme sa seule amie était là, sur la moquette de sa chambre, sans vie...

Ambiance





De nouveau en cet endroit, de nouveau présent pour une journée de déchirure, de larmes. Cette fois, Jung-woo se tient debout, cette fois Jung-woo a l'âge de comprendre, cette fois...
Il ne sait pas trop ce qu'il s'est passé, ses souvenirs sont flous et son père lui a affirmé que c'était un voleur qui avait tiré. Mais pourquoi ne se rappelle-t-il pas la tête de cet homme ? La police pourrait alors l'arrêter !
Une larme coule lentement sur sa joue. Il avait promis à son père de ne pas pleurer, il avait promis à son père qu'il se tiendrait comme un homme ! Il avait promis...
Cécilia, sa nourrice, sa seule amie... C'était grâce à elle qu'il avait pu entrer dans une école, c'était grâce à elle qu'il avait passé un super anniversaire, c'était grâce à elle que...
Jung-woo ne retenait plus les larmes qui coulaient chaudement sur ses joues. Huun-Soo posa une main sur la tête de son fils, comme pour lui dire qu'il était là, comme pour lui dire que ce n'était pas grave qu'il pleure, comme pour...

Le soleil était déjà partit se cacher lorsque les dernières voitures disparurent de la propriété des Seo. Jung-woo était dans sa chambre, le chien dans ses bras. Ses larmes ne s'étaient pas arrêtées et ne voulant pas mettre mal à l'aise son père, il s'était réfugié dans sa chambre.
On frappa à la porte. Une petite voix demanda d'entrer. Le petit garçon la reconnut. Mais pourquoi était-elle venue ? Personne d'autre ne s'était déplacé pour l'enterrement à par sa famille... Alors pourquoi ?
La porte s'ouvrit doucement sur une petite fille. Malgré les évènements et son visage triste, elle était rayonnante. C'était bien elle, sa seule amie, lma seule qui ne lui parlait pas d'argent, ni de nouvelle chose technologique qui venait de sortir. Elle ne lui demandait jamais si son père avait la dernière voiture ou s'il avait fait construire une piscine. Non, Kim n'était pas de ce genre, la seule chose qu'elle lui demandait quand elle le voyait et la première chose qu'elle lui demanda ce jour-là c'était un...

- Ça va ?