Palais de Justice

120.

Auparavant; Villa de Salsa.

Son avocat l’attendait déjà sur les marches du palais de justice. Elle était pile à l’heure, et le groupe singulier, composé des gardes du corps, de Johnny qui suivait Salsa de prêt et l’avocat qui marchait à ses côtés, lui expliquant en un résumé rapide en quoi consisterait l’entrevue, pénétra dans l’imposante bâtisse. Johnny et Salsa par habitude gardèrent sur le nez, leur lunette de soleil, mais un tel couple ne passait pas inaperçu, et bien des têtes se retournèrent sur eux.

Ils traversèrent quelques vastes couloirs pour s’arrêter dans un hall circulaire entouré de toute part de larges doubles portes en bois. Mickael se tourna vers Salsa.

- Cette affaire n’est pas jugée publiquement, j’ai au moins pu obtenir ça. Mais vos amis devront attendre dehors..

Salsa haussa un sourcil, inquiète et après avoir jeté un coup d’œil à Johnny et ses gardes du corps, elle fit un pas vers l’avocat et d’un ton qui n’admettait pas qu’on lui refusât quoique ce soit lui répondit:

- Bien mes gardes du corps attendront ici, mais Johnny Cash est ..

Salsa hésita sur le terme le plus approprié et croisa le regard amusé de Johnny.

- Je suis son compagnon, et je ne pense pas que le juge ait d’objection à ce que j’accompagne Salsa.

Salsa le remercia d’un sourire et se retourna vers l’avocat qui fit la grimace mais leur répondit à contrecoeur.

- Oui bon, peut-être.. Nous n’avons plus qu’à attendre qu’ils viennent nous chercher, ah ben justement le voilà.. Oh mademoiselle Inferno, ne parlez que quand on vous le demandera..

Elle fit une grimace, piquée au vif par la remarque de son avocat, mais ce dernier la connaissait bien justement. Ils entrèrent tous trois dans la salle du tribunal, laissant derrière eux, Jo et Tom qui n’étaient pas du tout enchantés de les laisser seuls, mais bon ils étaient dans le palais de la justice, le malade n’allait quand même pas les attaquer au cœur du tribunal.

Ils entrèrent tous trois dans la vaste salle et s’installèrent en face du juge qui était occupé à lire un papier devant lui. Il leva des petits yeux scrutateurs par dessus le verre de ses lunettes quand il les vit arriver.

- hm.. Mademoiselle Inferno.. Veuillez venir à la barre s’il vous plaît, je vois que vous êtes venue accompagnée ?..
- Votre honneur. Oui en effet..

Le juge se mit soudain à sourire dévisageant Salsa et Johnny qui était resté en retrait. Mais aussi vite qu’il avait souri, il retrouva son sérieux, remontant ses lunettes sur l’arête de son nez. Il récita ensuite la fameuse formule demandant à Salsa de jurer de dire la vérité, toute la vérité, etc..etc.. Elle leva la main et jura. Peu habituée de ce genre de fait, Salsa se sentait un peu intimidée du coup.

- Vous êtes ici pour conduite en état d’ivresse.. Hmm.. Hm.. Je vois.. Mademoiselle Inferno, vous savez que notre état condamne durement ce genre de délit?
- Tout à fait votre honneur, mais je..
- Répondez par oui ou par non, à moins que je vous demande des explications, sinon abstenez vous de faire des commentaires..
- euh oui votre honneur.
- Vous avez déclaré à la police, avoir pris votre véhicule après avoir un peu trop bu alors que vous étiez chez vous, avenue 22 de Lorena Hills, est- ce bien cela?
- oui
- et pourquoi aviez-vous bu ce soir là ?

Surprise par la question, Salsa ouvrit la bouche pour parler, mais son avocat intervint.

- Votre honneur, cela est-il bien utile d’en connaître la raison?

Le juge regarda encore par-dessus le verre de ses lunettes, l’avocat qui avait pris la parole.

- hmm oui, cela peut être intéressant, laissez -moi seul juge je vous prie..

Ce fut au tour de Salsa de dévisager le juge, cherchant à deviner s’il faisait dans l’humour, ou s’il était sérieux.

- Alors mademoiselle?
- euh… je venais de vivre une… rupture, enfin de me retrouver seule..
- Etait-ce une rupture ou non?

Salsa prenait de plus en plus de couleurs et sentait dans sa nuque le regard de Johnny.

- Oui, il est parti donc je considère cela comme une rupture..

Et elle inspira une nouvelle bouffée d’air.

- hum… alors je comprends que cela n’ait pas été facile à vivre.. Mais cela n’excuse pas votre comportement!

Il posa un regard sévère sur elle et elle se sentit comme quand elle était gamine et que l’on venait de la surprendre en flagrant délit de bêtise.

- Vous avez toutefois à votre décharge, un comportement autrement exemplaire dans cet état d’Heaven Island, un casier vierge, vraiment rien à redire. Mais vous vous doutez que nous ne pouvons pas vous laisser sortir de ce tribunal sans avoir purgé une peine pour cette faute..

Salsa leva un regard affolé vers le juge et se tourna pour quérir du regard l’intervention de son avocat qui secoua la tête.

- hum… En conséquence de quoi, je vous condamne à des travaux d’intérêt général. Ma mère se trouve dans un home très agréable près d’ici, et le personnel se plaint que les patients n’ont pas souvent de visite, et comme elle vous adore, vous irez leur rendre quelques visites, hum disons à raison d’une heure par jour, pendant une semaine.

Salsa écarquilla les yeux devant l’étrangeté de cette condamnation alors qu’enfin son avocat intervenait.

- Votre honneur, il faut que vous preniez en compte le fait que mademoiselle Inferno est en ce moment même sous protection de la police et qu’elle doit éviter à tout prix de se montrer en public!

Le juge fronça les sourcils, reprit ses papiers qu’il feuilleta rapidement, puis reportant à nouveau son regard sur Salsa, après un soupir, annonça ..

- hm..c’est clair que là.. Bien, mademoiselle Inferno, je remets donc cette tâche que vous devrez accomplir quoiqu’il arrive à plus tard, une fois que vous aurez réglé ces , hum ces problèmes. En attendant vous êtes libre..

Il fit claquer son maillet sur son pupitre, et retrouva son sourire jovial.

- Mais, je récupèrerai quand ma voiture?

Le juge sursauta, légèrement contrarié et répliqua après un court lapse de réflexion.

- Un mois de retrait de permis..
- Mais..?
- Mais! Comme les faits datent d’une semaine, vous n’aurez ainsi plus que trois semaines à patienter. Et estimez-vous heureuse, j’aurais pu vous le retirer pour six mois..

Il se redressa , récupéra ses affaires et après un dernier regard vers les deux vedettes, se retira.. Il aurait quand même bien aimé leur demander un autographe, ça aurait fait tant plaisir à sa chère maman. Mais ça n’aurait pas été très professionnel.

121.

Ambiance

La lourde porte du tribunal se referma derrière eux, et déjà Salsa se sentait à nouveau respirer. Elle soupira et ajusta son tailleur avant de sourire à Tom et Jo qui attendaient sans doute d’en apprendre un peu plus. Ils se sentaient à présent de plus en plus concerné par le sort de leur patronne, et même Tom d’habitude si distant, s’était un peu radoucit. Il faut dire que Salsa vivait des moments très difficiles et que même un cœur froid comme le sien avait été touché.

- J’ignore si je dois me réjouir ou pas…peut-être devrais-je remercier le chirurgien que grâce à lui, je ne sois pas obligée d’appliquer ma peine sur le champs?…Aller rendre visite à des vieux.. Décidément.

Johnny la dévisagea, surpris sans doute par cette colère soudaine, et la façon dont elle avait parlé du chirurgien, comme résignée à subir ce sort de proie du chasseur. Peut-être songeait-il à Joy en ce moment, il avait déjà fait appel à ses services, un peu particulier pour se débarrasser de cet assassin, mais Joy avait ses propres ennuis à présent. La police était sur l’affaire, mais n’avançait pas beaucoup plus. Que faire, attendre? Attendre le sort inexorable, celui que ce malade allait réserver à Salsa ?

Celle dernière de sa démarche de reine se dirigea vers l’extérieur du bâtiment. Une envie subite de sentir le soleil sur sa peau, de se sentir bien vivante dans ce monde. Heaven Island… Le nom évocateur l’avait décidée à venir s’y installer, mais c’était l’enfer qu’elle vivait à présent. .. Elle savait qu’elle n’était qu’aux portes de ce monde, car si le chirurgien venait à mettre la main sur elle, là, elle toucherait les profondeurs de l’enfer…..

- Salsa? Tu voudrais aller boire quelque chose avant de rentrer?

Elle fixait du haut des marches, les élégants bâtiments face à elle… Plus loin on apercevait même la surface scintillante de la mer.. Un paradis.. Salsa remit ses lunettes de soleil sur son nez et se retourna vers Johnny.

- a quoi bon fuir?…Autant rentrer chez nous, nous verrons bien ce qu’il nous réserve.

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