Une autouroute....

Ambiance

Les paysages défilent à toute vitesse, le ciel de cette fin d'après midi est blanc, éblouissant, s'étend à perte de vue, il doit faire chaud dehors, mais l'air climatisé de la voiture dispense un air glacial qui fait voler les cheveux chatains de Joy...
Les yeux plissés sur sa route, les lèvres serrées, le coeur vide, ses gestes ne sont que des automatismes....
Sa vie elle-même, n'est plus qu'une suite d'automatismes, l'attente de quelqu'un qui ne viendra plus, celui autour duquel elle avait bati sa vie, ses buts, ses espoirs....
Son seul amour...celui qui ne lui pardonnerait jamais le mal qu'il lui avait fait....l'homme qui a tout moment lui ferait payer ses propres erreurs....un cercle sans fin et vicieux..... Pourquoi fallait-il que certains soient si butés ?
pourquoi fallait-il que les histoires se finissent toujours mal pour elle....pourquoi....

Pourquoi une telle complicité, un amour si fort avait-il laissé sa place à un malaise insupportable, pourquoi la rage de l'avoir perdu l'avait-elle poussé à commettre l'irréparable? Qu'avait-elle fait pour qu'il l'abandonne à peine quelques mois après leur mariage, comment comprendre ce qui s'était passé....et à quoi bon?

Oui...à quoi bon vouloir comprendre, pourquoi l'être humain passe-t-il le plus clair de son temps à toujours vouloir tout expliquer?

Les larmes se mettent à couler sur ses joues, traçant des lignes noires de ce maquillage qui ne suffit plus à cacher ses faiblesses...

*Qui a t’il Juliana ?
J’ai peur Kim... Et plus que de moi.... J’ai peur de te perdre...
Kim sourit, amusé...
Tu me demandes de tenir une promesse que je ne peux... Et ça que je le veuille ou non...*

Elle l'avait perdu....les peurs s'étaient envolées pour laisser un vide immense, l'attente d'une vie qui n'avait plus aucune saveur sans lui...

Poussant sur la pédale de l'accélérateur, Joy, les yeux emplis de larmes n'arrive même plus à distinguer le kilomètrage...300....320 peut-être....un bolide fonçant vers l'horizon comme une flèche dans le coeur de l'ennemi....

L'ennemi....celui qui a trafiqué les freins de la bugatti......ceux qui ne répondent plus à la conductrice qui à présent a compris que ses pensées seront les dernières....ses larmes sa dernière rédemption......

Son coeur se serre.....pense à son enfant qu'elle ne verra pas grandir...une panique...la promesse qu'elle a faite de ne jamais le laisser lui donne un regain d'énergie, celui de tout tenter pour arrêter le monstre de métal qui ne répond plus....
Des images flashent dans son esprit, celui d'un petit garçon pleurant dans les bras de son père, lui demandant pourquoi il est le seul enfant de sa classe à ne pas avoir de maman....

La promesse.....c'elle qu'elle ne pourra tenir.....

*Fais ce que tu as à faire......
Et reviens....*

Au loin un virage, le dernier...ses mains restent crispées sur le volant qu'elle tente de maîtriser, tentative ultime d'éviter l'inévitable......une prière...la dernière sans doute....

Ses derniers mots avant le choc....ceux qu'elle garde pour Son enfant et pour Kim....

Pardonnez-moi...je vous aime....

......

La chaleur est étouffante dans cet endroit désertique....une voiture, ventre à l'air....une roue dont les jantes brillent au soleil, continue de tourner....la roue du destin....

Pourquoi fallait-il que les histoires se finissent toujours mal pour elle.....A quoi bon vouloir comprendre et tout expliquer.....

Ambiance

Tandis que la Mustang roulait à vive allure, Park les mains posées sur ses yeux, tentait de reprendre son calme.....
Son visage....seul son visage lui apparaissait sans cesse.....

Que deviendrait-il si elle venait à disparaître? Il ne s'était jamais vraiment posé la question.....pourtant il savait qu'il ne pourrait vivre sans elle.....

Elle.....qu'il avait juré de protéger.....

*Park...j'ai une mission pour toi....kim l'avait regardé de son regard noir et profond....
Il s'agit de protéger une femme......
Elle est jolie au moins ?*

Kim avait froncé les sourcils......elle était déjà sienne......
Ce jour là, il était tombé amoureux de deux grands yeux gris clair...des yeux de brume......des yeux qu'il verrait pleurer souvent....lancer des éclairs ou rire.....ses yeux......

Accélére je t'en prie Joon....
Je suis à fond...dans 2 km on y est.....
La mustang fendait l'air de la nuit, Joon, les yeux fixés par moment sur le GPS se pinça les lèvres....
Elle avait pris la Bugatti.....un monstre de vitesse....si par malheur elle en avait perdu le contrôle.....
Il secoua la tête et se concentra à nouveau sur la route....

Park se passa une main sur le front, pris de panique.....angoissé.....
Il ne s'en remettrait pas...

*Tu as quel âge Juliana?
34 ans.....
Ha....
Pourquoi tu me crois trop vieille pour....
Ais-je dit cela?*

Entre elle et lui s'était tissé une relation si forte, où l'âge n'avait même plus d'importance......il l'avait aimé dès le premier regard....il l'avait aimée en secret, en sachant que son coeur appartenait à Kim et à personne d'autre...

Les paysages sombres défilaient lorsque soudain Joon s'écria...

LA BUGATTI !!!! ELLE EST LA !!!!!!
La mustang dérappa et les deux hommes sortirent de la voiture à tout vitesse.....

Park sentit ses jambes se dérober sous lui....elle était là, retournée sur le toit dans un fossé....
Il se prit la tête dans les mains et hurla son prénom.....
dévalant le fossé, il se mit à hurler, hurler, et roula sur le sol afin d'accéder à la portière de la conductrice....
Juliana mon dieu!!!!! Juliana !!!!!
sa main ensanglantée dépassait par la vitre de la portière.....il la saisit....l'embrassa en pleurant de toutes les larmes de son corps.....
Juliana.......
Pousse-toi!!!!!
Joon saisit la main de la jeune femme tout en tenant son téléphone portable coincé dans son cou.
Le poul est faible mais elle est vivante!!!!
Allo???? Allo??? Je vous téléphone pour une urgence....accident de roulage, une femme grièvement blessée...il faut la désincarcérer du véhicule.....Autouroute 89, Kilomètre 123....FAITES VITE !!!!!!!!!

Park à genoux pleurait comme un enfant....en carressant les doigts de Juliana.....il faisait si noir qu'il ne pouvait voir son visage......
Il se mit à prier en sanglottant....prier Dieu...le Diable même......
Il se sentait déjà vide.....la vision d'un cercueil...des gens qui pleurent, la vie sans elle.......sans elle.....

Il secoua la tête en frottant la main inerte et froide contre sa joue......

Sans elle....il comprit qu'il ne pourrait survivre....

Ambiance

La douleur....la peur....le noir total....la nuit peut-être.....
Des voix.....celle d'un jeune homme qui sanglotte.....la certitude que ce qui vient d'arriver est grave....personne pour la rassurer.....la solitude.....
D'autres voix....un rêve peut-être....la fin...sans doute.....

La fuite vers l'abîme....afin de retrouver ceux qu'elle a perdu.....
Une pensée fugace......le sourire de Jacky....
Dehors, Park à genoux carresse sa main ensanglantée....pleure doucement la femme dont il était devenu l'ombre...

Il murmure....supplie.....lui dit de tenir bon.....réchauffe sa main glacée puisqu'il ne peut toucher son visage et son corps, prisonniers de cette carcasse de métal.....

Mee-Ae....je t'en prie...tiens bon...les secours vont arriver.....
Ses mots se bousculent, entrecoupés de sanglots...il renifle....certaines de ses phrases n'ont pas de sens.....il se bascule d'avant en arrière.....lance des regards paniqués autour de lui dans l'espoir de voir bientôt arriver les secours....
Tu sais quand je te disais que...tu étais tyrannique....c'était pas vrai....ma Juliana...ma Joy....je vous ai toujours aimées...toutes les deux....

Joon regarde son frère debout sur le talus....il détourne le visage tant le spectacle lui arrache le coeur....
Lui même sent des picotements au niveau des yeux.....
Il écoute ce frère qu'il redécouvre...ce jeune homme anéanti, en état de choc....

Park essuye rageusement les larmes qui baignent son visage d'un revers de la main....sa voix est nasillarde...son nez bouché...
les souvenirs....ceux de cette partie de baby foot....

*Ptin Julaina....mais qu'est ce que tu fais!!!! T'es pas concentrée!!!!
Mais si!!
Mais non les deux goals que t'as encaissés, le premier tu te recoiffais...le second tu causais à Lee.
Oui bon c'est qu'un jeu....
Juliana j'ai parié 200 billets sur cette partie!!!! Tu te rends compte????
Un claquement sec et un "Aïeuuuu" sonore se firent entendre....
Tu paries mon fric en plus!!!!!!!
Elle pointa un doigt menaçant vers Park.
Tu as intérêt à faire des résultats à tes examens, crois-moi!!!!!!!!!!
Park se frottait douloureusement la nuque.
Joy...quelle "joie" de te revoir...*

sa douceur.....

*Tu m'as sauvé la vie....tu as choisi de mourir plutôt que de me livrer...mais pourquoi...pourquoi cette folie ?
Park lui sourit
Parce que tu es un ange Juliana...un ange a qui on a coupé les ailes....*

Son ange aux yeux de brume.....

*Tu n'étais pas obligée de faire de moi ton héritier légal....
Je le voulais...tu comptes tant pour moi....
Toi aussi....
Tu n'es pas reparti en Corée....
Tu m'aurais trop manqué Mee-Ae...*

Park sent son coeur se briser....sa respiration devient ...douloureuse, son élocution difficile....

Je suis resté moi pour ne pas te laisser....je suis resté.....
Il réchauffe sa main embrasse le bout de ses doigts inertes....
Je suis resté....tu ne peux pas me quitter...tu n'en as pas le droit.....tu m'avais promis de t'occuper de moi....tu l'avais promis!!!!

et dans la chaleur de cette nuit, Park prononce trois mots, ceux qu'il tait depuis si longtemps...ceux qui sont pourtant une évidence....ceux qui expliquent pourquoi les gens pleurent...pourquoi la vie est parfois si belle mais souvent si difficile...

Je t'aime Juliana....je t'aime...je t'aime....

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La vieille Skoda grise s’engouffra sur la bretelle de l’autoroute dans un fracas de tondeuse à gazon, toussant à grand bruit lorsque Leo passa la vitesse maximale pour ne pas se faire tamponner par la voiture qui arrivait derrière lui.
Le conducteur pris de court se déporta pour le doubler, se demandant si une telle poubelle pouvait être autorisée à rouler sur l’autoroute.

Leonid tenait à pleine main le petit volant de sa voiture qui vibrait comme s’il allait se détacher à tout moment.
La voiture dans son ensemble était dans un état épouvantable en plus d’être un modèle extrêmement ancien digne d’un musée de l’automobile d’ex-URSS.
Munie que d’un seul rétroviseur rouillé, on pouvait voir par endroit des taches de rouille sur toute la carosserie.
Les pneux et les roues étaient à elles seule des pièces de la préhistoire.

Dans l’habitacle Leo était installé sur un siège usé jusqu’à la corde, et toute l’armature de la voiture vibrait par l’effet du vieux moteur qui de temps en tant suffoquait.
Le front presque encastré dans le plafond, Leo ouvrit la fenêtre de sa portière pour prendre un peu l’air, se disant qu’il n’était pas près de reprendre l’autoroute.

Il était arrivé quelques minutes auparavant en ferry, et tenait de rallier la ville avant la nuit.
Il relâcha l’accélérateur pour faire souffler sa fière monture et vérifia si son sac se trouvait encore sur la minuscule banquette arrière.
Une grosse cylindrée le doubla tellement vite qu’il profita du coup de vent pour se raffraîchir un peu le visage.

Une fine pluie se mit à tomber, mais Leo avait de plus en plus chaud, il planait une atmosphère orageuse et le située à quelques centimètres de ses genoux surchauffait de façon inquiétante.

Leo se sentait bien, une expèce de sentiment inexplicable de sécurité l’envahit, dans sa petite voiture qui malgré son ancienneté résistait encore aux intempéries.
Ce sentiment de bien-être en voyant la pluie couler le long du pare-brise et d’être soi-même au sec et au chaud bien à l’abris dans son nid.

De la main il se frotta les reins endoloris par l’inconfortable siège à moitié défoncé qui vomissait sa mousse et ses ressort à l’endroit où jadis se trouvait un appuis-tête.

Le soir n’était pas encore tombé mais les nuages s’assombrissaient, et enfin Leonid apperçu les lumières de la ville.
Il quitta l’autoroute sans regrets et se mit à la recherche d’un hôtel où passer la nuit.

Vient de ...

Ambiance

Les kilomètres défilent sur le compteur du monstre, avalés sans difficulté. Souplement, elle fait corps avec l'engin, négociant virage après virage, toujours plus vite, toujours plus loin, tout pour s'éloigner. Si elle ne veut ni ne peut quitter l'île, l'isolement qui lui est nécessaire ne peut se trouver entre ces murs entre lesquels elle est enfermée depuis plusieurs semaines.

Centaure flamboyant, parée de ses atours écarlates, elle fend l'air, semblant un éclair de sang dans la nuit de Heaven. Dans son dos, les lumières de la ville s'éloignent sans qu'elle n'y jette un coup d'œil dans ses rétroviseurs.

Déjà, les hauteurs sont en vue, son but. Ce lieu découvert bien avant qu'elle ne s'engage dans cette voie qui semble être devenue sienne par la force des choses. Ce chemin qui se trace pour sa destinée, si éloignée de celle qui lui a été échue plus de vingt ans auparavant, celle d'une tueuse, d'une femme de glace, sans conscience, sans émotions, celle d'une arme et non plus d'une humaine.

Son esprit tente de se fermer à chaque kilomètre parcouru, luttant pour rester elle même, si tant est qu'elle l'ait jamais été. Cette carapace de glace qui la recouvrait aussi facilement et naturellement que l'oxygène qui emplit ses poumons à chaque inspiration, étrangement, est aujourd'hui douloureuse à former.

Quelques semaines, si peu de temps dans une vie et pourtant suffisantes pour en changer le cours. Les modifications insidieuses qui se sont établies en elle lui saute aux yeux alors que la moto décélère, arrivée sur le promontoire rocheux d'où le centre ville parait une myriade d'étoiles plus étincelantes les unes que les autres.

Spoiler:

Ses gestes se font félins tandis qu'elle enjambe la selle de sa grosse cylindrée. Le cuir de la combinaison semble une seconde peau, reflétant doucement les lueurs lointaines à chacun de ses mouvements.

Ses coudes viennent rencontrer la rambarde froide surplombant le panorama féérique sous ses yeux. Cependant, ce ne sont pas ces images qui s'imposent derrière ses paupières qui se ferment doucement, naturellement pour faire place au passé, si proche mais pourtant si lointain lorsqu'elle s'y voit évoluer.

Quelle est cette personne dans son esprit qui rit, enrage, se laisse aller à verser une larme devant un film presque caricaturale tant il se veut riche en émotions et en leçons de vie ? Comment cette femme si glaciale dont elle voit depuis presque trente années l'image chaque jour dans le miroir a pu ainsi s'affaiblir au point de se laisser attendrir par l'objet d'une mission... Se laisser aller à se reposer, ne serait-ce que pour une nuit, dans ses bras, comme n'importe quelle être humain ? Permettre aux souvenirs de la submerger, la forçant à s'échapper comme elle vient de le faire

L'astre lunaire pour seul témoin, un sanglot s'élève, aussi bref que violent, faisant trembler ce corps d'apparence si frêle, roseau prêt à ployer sous la tempête. Néanmoins, pas une larme ne vient souiller ses joues si pâles en grande partie mangées par de larges lunettes aux teintes jaunes masquant son regard trouble.

En une fraction de seconde, ses traits redeviennent de glace. Sa résolution est prise, le doute n'est plus. Comme toujours, une fois sa décision prise, sa détermination est sans faille. Ainsi décidé, ses pas s'affermissent alors qu'elle reprend la direction de ce qui est sa maison pour encore trois mois... puisqu'elle a du s'abaisser à demander une rallonge de temps, gracieusement acceptée par le Serpent.

Comme à l'aller, la distance est avalée avec aisance telle que le pilotage semble innée chez cette créature de légende, prête, pour un petit morceau de liberté, premier dans sa vie, à être déchue du piédestal solitaire sur lequel elle était placée.

Les grilles de la propriété s'ouvrent à l'action de la petite télécommande accrochée à ses clefs, sous le témoignage silencieux des gardes, ombres dans la nuit.

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